A l’heure des chemises fluo, des claviers vintage et des guitares à deux cordes, les retours sur le trip-hop n’ont plus tout à fait le même goût qu’à sa grande époque. Tous ceux qui ont été immergés dans ce courant si britannique et si vernaculaire préfèrent aujourd’hui cacher cet amour. Musique chill out, bobo, pénible, tout et n’importe quoi a été dit. Il n’empêche, se replonger aujourd’hui encore dans Who Can You Trust ? (1996), Dummy (1994) ou Blue Lines (1991) procure toujours autant de frissons à ceux qui les ont découverts en leur temps. En revanche, que reste-t-il de ce courant aujourd’hui ? Des souvenirs émus sans cesse ressassés – Alpha -, des retours en grâce annoncés – Portishead -, des luttes d’ego interminables – Massive Attack – et des virages commerciaux affligeants – Morcheeba. Alors quand de nouveaux groupes se lancent dans l’exercice de style, on les plaint un peu et on écoute, sceptiques. Stateless, emmené par Chris James et sa voix romantique, officie dans la veine trip-hop mélodieuse, chère à Craig Armstrong. Les Anglais proposent un premier effort cohérent, solide sur ses bases, bourré de références et idéalement produit. Le travail sur les mélodies aériennes posées en contrepoint d’une batterie vicieuse provoquerait presque l’admiration. Les laptops quant à eux jouent à plein, distillant a l’envi des sons oniriques et impalpables. Oui, ce premier effort est un très bon album de trip-hop. Mais, en tentant une réhabilitation de ce genre si décrié, il faut oser, briser les codes, se la jouer petit con avec une arrogance constructive. Stateless se contente de copier, à la perfection certes, des disques d’il y a 15 ans, par peur du sacrilège. Stateless semble pétrifié. Il manque ici de la noirceur, du mal-être, de la bile, de l’âme. Bref, une identité…

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