Il n’y en a pas que pour les angelots de Sigur Ros sur les terres d’Islande. Pour preuve, leur antithèse parfaite, l’hostile sextet Singapore Sling qui n’a pas son pareil pour faire fondre la glace munis de leurs amplis en surchauffe. Spacemen 3, Jesus & Mary Chain, Suicide… ces légendaires ennemis publics du son clair constituent manifestement les saints protecteurs de leur chapelle sonique islandaise. Compilant le meilleur des trois albums parus depuis 2002 (le prochain est annoncé pour juin), The Curse The Life The Blood s’avère une excellente introduction à leur rock cool et décadent. En dix titres seulement, l’escadron noir enchaîne les spectaculaires descentes à pic sur fond de rafales noisy rock : “Overdriver”, “Nuthin’ Ain’t Bad”” et le tubesque “Long Past Crazy”. Sur ces derniers, la mécanique est tellement bien huilée que BRMC paraît, sur la file de droite, carburer en Vespa. Contraste saisissant, lorsque nos mauvais garçons (une fille tout de même à la basse) troquent leurs guitares pour l’orgue Hammond de la Factory New Yorkaise sur “Summer Garden”, puis l’instant suivant infligent sans états d’âme une séance de torture séminale tout en chaos blanc stoogien (“Song for the Dead”). La dernière plage réserve peut-être leur meilleur tour, “Guiding Light”, une traque enlevée pilonnée par une basse fuzzy à souhait, qui fait sublimement défiance à l’autorité des guitares. Potes des allumés californiens du Brian Jonestown Massacre, avec lesquels ils ont tourné, Singapore Sling cultive aussi le même sens de l’humour : sur leur page MySpace, la musique est décrite comme « Un pont entre Simon et Garfunkel ». Touché.
– La page MySpace de Singapore Sling