Basé à Toronto, Small Sins est le jouet de Thomas d’Arcy, ex-Carnations. Son dernier groupe lui ayant laissé de mauvais souvenirs de dictature, il décide de se lancer dans l’aventure solo et engendre un premier album éponyme en 2006. Fort d’un succès critique estimable, d’Arcy s’entoure d’un vrai groupe pour Mood Swings, album furieusement marqué par une obsession (inconsciente, dit-on) des armes à feu. Pas une seule chanson de Mood Swings qui n’évoque un flingue. Étonnant, puisque Small Sins livre une electro-pop enjouée, bigarrée et régulièrement ensoleillée. Des Cars à Talking Heads en passant par Pet Shop Boys, Mood Swings picore dans tout ce qui compte dans la pop intelligente et aventureuse des années 80, dépoussière le tout, et regorge de mélodies franches appuyées par des rythmiques artificielles qui prennent aux jambes. Et par-dessus tout, d’Arcy fait connaître à sa voix des virages à 180° qui en laisseraient plus d’un sur le carreau. Tantôt charmeur, tantôt hurlant, quand il ne joue pas les grandes folles, d’Arcy tient rarement en place. Et son groupe, forcé de suivre, joue à plein les harmonies vocales, les claviers qui trépignent et les guitares qui halètent. John McEntire, le Mazarin de Tortoise, s’est visiblement amusé comme un petit fou à mixer, noircir et canaliser les idées débordantes de d’Arcy. Problème, le Canadien n’est pas un songwriter d’exception, et les chansons, dans leur ensemble, souffrent de leur légèreté, écrasées par des costumes souvent trop grands pour elles. Il résulte de ce paradoxe un album sympathique, souvent prenant, mais la plupart du temps passe-partout, plombé par son géniteur qui a privilégié la forme plutôt que le fond. Quelques vignettes sortent du lot, avec un gimmick accroche-coeur ou un refrain prise de tête, mais d’Arcy a la main lourde et finit malheureusement par se tirer une balle dans le pied.
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