Deux noms, deux projets, et un homme derrière, Sing Sing. Sous son propre nom, et chez Minimum Music, Sing Sing livre avec Ton Pire Cheval ce que l’on appelle de la chanson française, mais de celle qui ne lorgne pas vers le consensus et le prime time. Il laisse déambuler sa voix, sublime et goudronneuse, autour d’une guitare sautillante et perfide, livrant des textes tour à tour coquins, sombres ou oniriques, qui, jouant avec les doubles sens, les allitérations et le désenchantement noctambule, rappellent le Gainsbourg des “Petits Riens”, celui des premiers émois. Avec son complice Bertrand Belin (à qui on pense d’ailleurs beaucoup ici), il navigue entre gravité et humour noir, poésie charnue et réalisme suggéré (géniale “Les Mines de Sel”). Et les arrangements acoustiques confèrent à ces cinq compositions une couleur grisâtre, pluvieuse, poussant à se réfugier dans le premier troquet venu, et tant pis si la loi anti-tabac n’est pas prête d’arriver jusque-là (ou tant mieux). ARLT. est un duo autoproduit entre Sing Sing et Eloïse Decazes (accompagné là aussi du trublion B.Belin). Et pour donner la répartie au lascar, il faut une personnalité en béton. La jeune fille est à ce titre dotée d’une voix à la force incroyable, une Nathalie Merchant à la française. Puissante, orageuse, la chanteuse mène littéralement le bal tout au long de ces quatre vignettes de braise. Il y a chez elle un peu d’Emmanuelle Devos quand elle habite, sublime et torride, la gitane dans Esther Kahn, le chef-d’oeuvre d’Arnaud Desplechin. Effrontée et sauvage, Sing Sing risque bien de devenir sa chose s’il ne réagit pas. Il faut entendre le duo s’affronter, se narguer, se toiser puis se fuir, fier, comme sur “La Rouille”, petite bombe de trois francs six sous aux effets durables, pour finalement mieux se charmer. Nos antennes nous ont informés que Mocke (de Holden, pas moins), se penche sur ce duo de fortes têtes. Gageons d’un album à venir qui risque fort de sentir la poudre… Une (double) révélation.