Kolja – un diminutif de «Nicolas» en russe – était jusqu’à présent un talentueux musicien à l’ombre de groupes qui ont en commun une certaine grâce musicale (Ollano, Nouvelle Vague ou Bang Bang). A l’instar de Peter Von Poehl il y a quelques années, il décide de se lancer dans l’aventure solo en attirant les projecteurs sur ses chansons mélancoliques. Or là où le Suédois transcendait la pop évanescente par des mélodies crève-coeur et des arrangements divins jamais entendus jusque-là (ou presque), Kolja se réfugie dans une veine bien plus classique, aux références instantanément identifiables, parmi lesquelles ses précédents employeurs. Et c’est là que le bât blesse. Malgré un sens certain de la composition classieuse, des arrangements satinés et des mélodies automnales évidentes (on sent le musicien aguerri et reconnu), le songwriter ne parvient pas à s’élever au rang visé. Privilégiant la forme au fond, certains titres peuvent épater par leur éclat sonore. Mais il manque ici un vrai courage. Empesé par un chant timoré et très (trop) souvent passe-partout, Wide Open ne brille vraiment pas par son originalité. Et quand Kolja durcit le ton sur quelques brulôts perdus on ne sait trop comment, il s’enfonce encore un peu plus tant l’électricité va mal à cette voix impersonnelle. On identifie facilement le désir de tendre vers un songwriting pop ambitieux tel que magnifié par les regrettés Elliott Smith et Jeff Buckley, ou de suivre le chemin tracé par Ron Sexsmith ou Josh Rouse. Mais quitte à s’engager dans ces circuits archi-balisés, autant s’assurer d’être porteur au mieux d’une nouvelle approche, au pire d’un message. Certes, Wide Open est plaisant à plus d’un titre, agréable, coulant, courtois même. Il y manque juste une vraie douleur, une zébrure irréparable, ou à tout le moins un peu de culot. Rien de tout ça ici, juste un savoir faire incontestable. Dommage pour Kolja qui finit par nous ennuyer malgré un a priori franchement positif dû à son CV.
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