Dernière diplômée de l’inusable compilation de Fargo, Even Cowgirls Get The Blues, c’est pourtant chez Sub Pop que Sera Cahoone livre son premier disque. Une country soyeuse chantée au clair de lune.


Intéressant parcours que celui de la jeune Sera Cahoone. Le premier instrument de cette jeune américaine est la batterie, et après avoir écumé les salles de Seattle au sein de divers groupes, elle se trouve, comme par enchantement, à participer à l’enregistrement du magique Everything All The Time (2006) de Band Of Horses. Mais cela ne lui suffisant sûrement plus, après avoir montré à ses amis de Sub Pop quelques-unes de ses compositions, elle décide, sur leurs conseils, de s’armer d’une guitare pour donner corps à ses ballades country folk. Et c’est donc nichée au coeur du berceau du grunge (nouveau berceau de l’alternative country ? possible, après les passionnants The Cave Singers), qu’elle enregistre Only As The Day Is Long.

Première surprise, la place de son instrument de prédilection se voit réduite à la portion congrue. En effet, Only As The Day Is Long est un disque dans la stricte veine classique de la country romantique moderne. Pedal Steel et six-cordes trustent littéralement les arrangements, appuyés par un banjo léger comme l’air. Le tempo ne s’accélère pour ainsi dire jamais, à peine l’ambiance est-elle, par moment, plombée par des bruissements rythmiques pesants, un chant inquiet ou des violons en souffrance. Sinon, ondulations vocales, glissements de tissus, vie au ralenti, tout dans ce disque pousse l’auditeur à un abandon total. D’autant que la voix de Sera Cahoone, suave et délicate, enchante plus qu’elle ne chante ses mélodies crépusculaires. Épaulée par un groupe d’une grande sobriété, elle peut en effet baisser sa garde et se livrer sans souci.

Autre surprise. Sera Cahoone est éditée chez Sub Pop, et la production de son premier album, confiée à Zack Reinig, s’avère digne de la signature du label, ample et généreuse, quoique chirurgicale (presque du niveau de Phil Ek). Cette musique, initialement rustique, n’est absolument pas maquillée de façon outrancière. Au contraire, la pureté de son de Only As The Day Is Long magnifie le caractère organique de la country.

Seul bémol, ayant été remarquée dans la compilation de Fargo, Even Cowgirls Get The Blues, Sera Cahoone reste quelques crans en dessous des amazones qui l’ont précédée, qu’il s’agisse de la sauvage Alela Diane, ou des aînées Jesse Sykes et Dawn Landes entre autres. Il lui manque un petit côté maléfique, ou simplement obscur, une part d’ombre qui mettrait en relief des chansons qui, mises bout à bout, finissent un peu par lisser l’album.

Pour autant, Only As The Day Is Long est peut-être un disque ronronnant, mais jamais décevant tant les canons de la country et de l’americana sont ici respectés, mieux, célébrés par cette toute jeune chanteuse prometteuse.

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