La marée basse peut libérer des bras de l’océan d’étranges choses. Le premier EP de Mangrove (dico : une forêt tropicale qui s’installe dans la zone de balancement des marées), quatuor parisien plein de promesses, s’est échoué sur la micro structure Jackslams. En quatre titres seulement, le groupe anglophone du guitariste et chanteur Alexandre Millet provoque un véritable tsunami rock à l’échelle hexagonale. Parfaitement produit par Julien Trimoreau, architecte du son de Nelson, Mangrove navigue entre guitares électriques agitées et lyrisme atmosphérique. On pense à du Coldplay torturé par le producteur David Andrew Sitek, ou The National qui aurait viré ambiant. Tout cela bâti sur un mur des lamentations soniques entre houle electro/shoegazing et mélodies en apesanteur. Penser à vérifier le niveau de pressurisation du casque avant d’écouter “Up on The Hills”, qui démarre comme du Built to Spill, toutes guitares catatoniques en avant, pour décoller comme une fusée fissurant l’atmosphère terrestre. Mais surtout, le vertige d’une voix, celle d’Alexandre Millet, crooner magnétique flottant sur l’aveuglant final “Eyes Closed”, qui nous prend la main au bord d’une falaise. On insiste, quatre titres seulement mais Mangrove a déjà accompli de grandes choses. Allez-y, les yeux fermés.