Dès …Yes You’re Dead – plébiscité en 2005 dans nos colonnes – Hitchcockgohome! sortait du rang en incrustant dans son rock tourmenté le ferrement d’un banjo, les carillons d’un glockenspiel ou encore l’emploi d’un archet tel un Jimmy Page tentant de scier en deux sa six-cordes. Grâce à ces combinaisons originales, les envolées du quintet prenaient un tour suranné inattendu. “Odd”, nouvelle od(d)yssée de six minutes qui ouvre You Cannot Be Serious!… n’est pas la porte d’entrée la plus évidente pour rentrer de plein fouet dans cet album dense, qui se pose plutôt comme une bombe à retardement. Plus encore qu’avec son prédécesseur, le ton mélancolique de You Cannot Be Serious!… est sans rémission. Lentement mais inexorablement, le quintet de souche grenobloise ronge une douleur qui n’a de cesse d’écraser le thorax de l’auditeur. Hitchcockgohome! met lentement et rigoureusement en scène sa dépression avant de la tirer vers le haut pour nous clouer au sol. On pense parfois aux « Echoes » floydiens de Cyann & Ben pris sous la foudre électrique – ce qui n’est pas vraiment une surprise lorsque l’on sait que Charlie, déjà de l’aventure précédente, distille ici et là quelques belles programmations contemplatives. Notamment “She’s Drawing”, où les voix de Fanny et Martin s’entremêlent et survolent des perturbations provoquées par l’intersection d’arpèges électriques et un violon dostoïevskien. Low alors n’est pas loin. En guise de maelström, “Goodbye” passe magistralement par tous les états du Horla (sérénité, colère, gravité, tristesse…) sur près de neuf minutes. A l’instar des signes de ponctuations « … » et « ! » qu’ils usent à chaque titre d’album, les fidèles du label parisien Drunk Dog emploient avec panache la grammaire rock.
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– Le site du label Drunk Dog Records