Le voyage Labyrinthique du Nouveau Chimpanzé, sous-titre du troisième album de Julien Ribot, fait beaucoup penser à un autre chanteur qui vantait les grandes oreilles, Serge Gainsbourg. Essentiellement tourné vers la relation amoureuse, Vega est en effet lustré aux cordes en tous genres : piano, guitares, violons… Soit ce que le grand Serge magnifiait à la grande époque de sa collaboration avec Michel Colombier. Julien Ribot, dont le graphisme est le premier métier, aime en effet colorer ses chansons, les orner de paraboles multicolores et les plonger dans d’immenses pots de couleurs vives. Pour autant, Vega n’est pas chargé. Il s’agirait plutôt d’une élégance frivole et néanmoins mystérieuse, curieuse alchimie entre l’expressionnisme musical et une profonde pudeur symbolisée par le chant délicat du jeune artiste. Vega figure une promenade dans un paradis terrestre dédié au repos de l’âme, à l’ouverture vers la nature la plus généreuse. Univers jamais bousculé par les turpitudes du monde contemporain, sillonné de rivières cristallines sur lesquelles glissent des barques immaculées. Comme pour mieux accentuer ce sentiment de fusion avec la virginité terrestre, au détour d’un chemin surgit un jardin japonais, à l’occasion de la bien nommée Le Rêve de Tokyo, illuminée par le koto de Mieko Miyazaki, une des joueuses les plus célèbres de cet instrument traditionnel. Toutefois, l’ensemble s’étire un peu trop en longueur, et la torpeur du début laisse place à un engourdissement fatal. La faute à des textes mielleux, à la limite du cliché. Là où Gainsbourg faisait se confronter des musiques classieuses à des textes à la noirceur indicible, Ribot ne creuse que le sillon d’un lyrisme fade. Manque un soupçon de brutalité pour donner du relief à ce tableau mirifique mais qui ne se décline qu’en deux dimensions. Malgré tout, Julien Ribot reste l’un des compositeurs les plus prometteurs de la jeune génération française, et nul doute qu’il saura à l’avenir faire fructifier une expérience qui commence à prendre vraiment corps.
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