Rencontre avec l’un des groupes dont on parle en cette année 2008. Les Futureheads, décontractés, débarrassés de leur label un peu trop dirigiste, nous éclairent sur la genèse de leur brillant troisième opus.
Pour faire suite à la sortie récente de leur This Is Not The World, la moitié des Futureheads a donné rendez-vous à la Pinkushion Team pour un entretien. Le guitariste/chanteur, Barry Hyde, et son alter-ego Ross Millard sont deux gars assez loquaces, ouverts d’esprit, qui n’hésitent pas à expliquer leur démarche créative à la manière d’artisans modèles du rock. Le tout avec un accent assez typique de leur ville natale, Sunderland, au Nord de l’Angleterre. Déçus, brisés par les déboires récents avec leur label, on espère avec eux que This Is Not The World soit, pour le groupe comme pour son public, l’album de la « réparation ».
Pinkushion : Vous faites partie d’une famille assez restreinte. De nos jours en effet, il n’y a pas beaucoup de groupes anglais qui jouent un rock sophistiqué, comme vous. C’est un compliment bien sûr, car je trouve que le rock anglais actuel n’est plus vraiment excitant. Il me semble que vous êtes plus proches de ce qui se fait actuellement aux États-Unis.
Ross Millard : C’est vrai. Prenez The Libertines. C’est le parfait exemple du groupe anglais. Après leur séparation, une infinité de petits groupes, plutôt indigents, a pris le relais et les ont imités, utilisant juste quelques cordes, dans des performances médiocres.
Barry Hyde : Ce qui est fort avec les Libertines c’est qu’ils ont réussi à faire croire à tout le monde que tout ce qu’un groupe de rock avait à faire pour jouer de la musique, c’était : eh bien, quasiment rien ! (rires) Monter sur scène ivre mort, après avoir écrit quelques chansons, etc. Cela a généré une multitude de groupes qui ne sont ni vraiment intéressants, ni vraiment originaux. Il est temps maintenant que quelque chose de nouveau vienne du Royaume Uni, quelque chose, comme tu disais, de plus intelligent, de plus dynamique.
A vos côtés, je ne vois que British Sea Power et Field Music comme alternative à cette scène médiocre.
Barry Hyde : British Sea Power et Field Music, bien sûr, sont tous deux des groupes pionniers, ils sont pour ainsi dire « du bon côté ». Mais bon, Field Music ne fait plus grand chose. Ils sont séparés maintenant.
Vous nous l’apprenez !
Barry Hyde : Ils font encore de la musique ensemble, sous différents noms, comme School of Language par exemple, qui contient un membre de Field Music, tu connais? C’est un très bon album. Il y a quelques groupes dont on considère qu’ils vont dans la même direction que nous. Mais malgré tout…
Tu veux dire que tu ne te sens pas proche d’eux ?
Barry Hyde : En fait, on se sent assez à l’écart, surtout depuis que nous dirigeons notre propre label. Ça nous rend un peu uniques, car on est les seuls à le faire actuellement. Nous avons le copyright de notre album, nous avons le contrôle sur tout, les choses se passent plutôt bien pour le moment. Il y a de très bons échos, on pense que les dommages qu’on a subis sont pour ainsi dire réparés. Nous sommes retombés sur nos pieds. (le groupe a été remercié fin 2006 par leur major 679, subdivision de Warner, ce qui a motivé la création de leur propre label, Nul Records, ndlr)
En 2004, vous avez commencé à avoir une certaine notoriété aux États-Unis, avant même d’être connus en Angleterre. C’est assez rare pour un groupe anglais.
Ross Millard : Oui! On a fait beaucoup de dates aux États-Unis, surtout à l’époque du premier album. On est vraiment allés au coeur de l’Amérique, on ne s’est pas juste contentés de faire la côte Est ou la côte Ouest, mais un peu tous les États. Utah, Arizona, etc. Ça nous a pris du temps. On a hâte d’y retourner d’ailleurs, car ça fait longtemps qu’on n’y est pas allés.
Barry Hyde : Tu sais, c’est assez rare qu’un groupe anglais ait la chance d’aller là-bas. Si tu as la possibilité d’aller à New York, pour jouer ta musique même devant une centaine de personnes, c’est un bel accomplissement pour un groupe anglais! Même pour un groupe New Yorkais d’ailleurs (rires). Si on allait à New York maintenant, je suis sûr qu’on jouerait devant au moins, allez 2000 personnes, ce qui est vraiment super ! On doit y retourner d’ailleurs (le concert du 17 juin dernier au Bowery Ballroom à New York, ndlr), puisqu’on a ce nouvel album, là où tout a commencé pour le groupe. Nous avons besoin de montrer aux gens que nous sommes de retour. Ce qui s’est passé avec Warner – être virés du label – nous a blessés. Nous avons besoin d’être, comme on l’a dit précédemment, « réparés », car cela nous a vraiment abîmés. On est en « guérison » actuellement.
Cette « cassure », concernait-elle votre contrat ou bien le rapport au public ?
Barry Hyde : Disons que c’était généralisé. Mais maintenant on veut rassurer nos fans sur le fait qu’on est bien de retour, et on va aussi faire la promo de l’album aux États-Unis. On a réalisé qu’on avait à nouveau besoin d’investir des fonds dans la promo. Et les États-Unis sont tellement vastes, c’est un territoire immense pour la promotion d’un album (rires). On est prêts, et très excités, par ce challenge.
Avez-vous un manager ?
Ross Millard : Bien sûr que oui. On a fait nos albums précédents sans manager. Nul Records, le label qu’on a créé, est dirigé par six personnes en fait. Quatre sont les Futureheads, et les deux autres sont des managers. On est tous membres au même titre. On est sûrs comme ça que la musique qu’on fait est celle des Futureheads, et de personne d’autre.
Vos deux premiers albums n’étaient pas distribués en France.
Barry Hyde : Merci Warner ! (rires) Ni en France, ni en Allemagne, ni en Scandinavie… affreux ! Ça me foutait en rogne.
Pourtant, vous aviez de très bonnes critiques, ici, dans les magazines.
Ross Millard : Oui, c’est ça qui était triste. On a fait une tournée en France, en 2006. C’était une super tournée, on en garde un bon souvenir. On aurait aimé convaincre le label de sortir l’album ici, mais le label disait toujours « non ». Il n’y avait rien à faire. C’était vraiment triste de faire une tournée dans un pays, alors que l’album n’est même pas disponible en boutique. Les gens venaient nous voir en concert, voulaient acheter l’album, mais ce n’était pas possible car cet album-là n’était pas disponible. La distribution – ou plutôt le manque de distribution – c’est vraiment crucial pour un groupe.
Est-ce que, en ce sens, Internet est une bonne chose ?
Barry Hyde : Bien sûr, c’est surprenant. Même si tous les vendeurs de disques disparaissaient demain, les gens pourraient encore acheter, et vendre, de la musique. Nous n’avons pas peur d’Internet. Nous acceptons le fait que certains téléchargent notre musique illégalement, au lieu de l’acheter. Nous aimons à penser que nos fans ont du respect pour ce que nous faisons, et sont prêts à dépenser un peu d’argent pour notre musique, que ce soit pour un album, un single, un vinyle, ou quelques singles téléchargés.
Vous sentez-vous confiants à propos de la création de votre propre label ?
Ross Millard : Oui, bien plus qu’on ne l’était pour nos précédents albums! On sait tout sur tout, il y a une totale transparence : c’est nous qui envoyons les CDs promo aux radios, à la presse. Si quelque chose ne nous convient pas totalement, on peut faire en sorte de l’empêcher avant que ça arrive. Et c’est assez rare de nos jours ; d’habitude, des centaines de personnes bossent sur un album : qui reste assis toute la journée dans son bureau, qui pianote sur “Facebook”, etc. Ils ne sont pas vraiment investis émotionnellement.
Barry Hyde: Ces gens sont motivés par l’argent qu’ils peuvent y gagner. Nous pensons au contraire qu’il faut travailler avec des gens qui font leur travail avec passion. Trouver de telles personnes et travailler avec elles, c’est ce qu’il y a de plus efficace.
Pourquoi avez-vous appelé le label Nul Records ?
Barry Hyde : C’est un mot qu’on a utilisé à nos débuts. Notre premier EP s’appelait par exemple Nul Book Standard. On a fait un autre EP qui s’appelait 1-2-3-Nul !. C’est quelque chose que nous avons voulu réutiliser pour le nom du label. Nous aimons bien cette sonorité précisément parce qu’elle ne veut rien dire. Mais personne d’autre ne sera signé sur ce label, il est uniquement destiné à notre musique. Nous aimons cette sorte de contradiction, c’est complètement nous ! Et c’est vraiment super de diriger notre propre label.
Qu’avez-vous fait durant l’année 2007 ? Ce fut une année assez calme, non ?
Ross Millard : Oui, assez calme, et en même temps on avait pas mal de choses à faire. On a composé l’album, on a fait des tournées en Europe, en Italie par exemple, mais aussi un festival en Russie, un autre au Mexique. On a été pas mal occupés en fait. On a terminé l’album pendant l’été, l’année dernière. C’est un moment où nous avons pris le temps de penser à ce qu’on voudrait vraiment dans le futur.
Barry Hyde : Nous avions besoin d’une pause. Ça nous a fait du bien. On en a profité aussi pour faire l’artwork de l’album, notamment la pochette.
Cet album est un retour à une formule plus directe. Quand on écoute l’album, il y a une réelle sensation d’urgence sur chaque titre.
Ross Millard : C’est un bon moyen de décrire notre musique, car elle a un côté un peu « urgent » effectivement. C’est assez… instantané, juste du « boum boum boum » (il tape dans ses mains).
Barry Hyde : Nous savions que l’album allait être comme ça, il se devait d’être instantané. Nous voulions vraiment que les chansons fonctionnent en live, que le public accroche rapidement. Et ça a fonctionné bien plus que ce à quoi nous nous étions préparés. Donc, c’est… super !
La structure des chansons est bien plus accrocheuse, avec les choeurs par exemple. Maintenant, quand j’écoute le premier album, il me semble plus… chaotique.
Barry Hyde : Oui. On avait envie de faire un album très différent cette fois, très simple dans sa structure, assez traditionnel. Un peu à l’opposé des deux premiers albums, même si ces deux-là sont assez différents pris à part. C’était le disque qu’on avait besoin de faire. Pour nous, progresser, ce n’était pas faire une musique plus compliquée, mais plus simple. Et cela nous a pris bien plus de temps que d’habitude, pour écrire ces chansons simples ! On a eu, dans notre discographie, des titres un peu fous, comme “He Knows” sur le premier album, écrit à l’époque par une bande d’adolescents scandaleux. Maintenant, on est plus à l’aise avec l’écriture des chansons : oui, on rajoute des choeurs, qu’on reprend ici ou là, quelques mesures plus loin, puis qui se répètent à la fin du morceau, etc. Et je reste persuadé que c’est plus difficile d’écrire une chanson simple qu’une chanson complexe.
D’habitude, c’est plutôt le contraire : les chansons plus « techniques » semblent les plus risquées.
Barry Hyde : Lorsque tu entends une chanson qui te plait, tu ne te demandes pas forcément si c’est une chanson « simple », ou une chanson « technique ». C’est plus affectif. Tu l’écoutes, encore et encore. Une bonne chanson, tu écoutes d’abord les voix et les paroles, avant de t’intéresser à la batterie ou aux guitares. Chez nous, les mélodies ont toujours été assez simples, on joue sur les rythmes. On n’est pas obsédés par les détails techniques, disons « virtuoses ».
Que pensez-vous des groupes comme The Kooksc, qui se sont formés dans une école de musique ?
Barry Hyde : Je n’arrive pas à y croire! Je ne savais même pas que cette école existaitc! Je l’ai appris à cette occasion! (la Brighton Institute of Modern Music où les Kooks se sont rencontrés, ndlr). Je ne sais pas… Nous ne fonctionnons pas comme ça en tout cas ! Nous pensons que chacun doit apprendre par soi-même. Regarde des groupes comme British Sea Power : ils sont là pour les bonnes raisons, ils apportent quelque chose d’intéressant, d’humain. Comme Field Music, d’ailleurs. Peut-être que ces groupes mettront plus de temps à obtenir la reconnaissance qu’ils méritent. Mais je suis certain que ça viendra un jour pour eux.
Concernant le producteur, Youth : comment commenteriez-vous votre collaboration avec lui ? Est-ce qu’il s’agit d’une collaboration 50/50 ?
Ross Millard : Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un 50/50, car il n’est, à aucun moment, intervenu dans l’écriture des chansons. Il nous a juste donné quelques suggestions au sujet des arrangements. Il a su instituer une énergie assez unique entre nous. Il nous a encouragés dans la bonne direction, en nous poussant à la performance. On ne voulait pas qu’il soit juste là pour nous dire : « en avant, les guitares », « aux voix, maintenant », etc. Il savait à quoi l’album devait ressembler. Il nous a donné le courage et la confiance nécessaires pour continuer, sans qu’on se pose trop de questions. On a travaillé très dur. Tu sais, on a enregistré 22 chansons en 16 jours. A la fin c’était : « Une nouvelle chanson ? Ok, laissez-moi trente secondes. » (rires)
Je crois que le concept de l’album vous autorisait ce genre de choses. Cela n’aurait pas été possible à l’époque du deuxième album, par exemple.
Barry Hyde : Exactement, il y était moins question de dynamique, mais plutôt de texture, d’espaces, de progression. En fait, le deuxième album était un album de transition, ce n’était même pas vraiment ce qu’on attendait d’un album des Futureheads. Un peu comme de l’avant-garde. À la manière d’un Fleetwood Mac (rires).
Ross Millard : Nous, on pensait que c’était notre chef-d’oeuvre à l’époque ! On était complètement immergés dans notre musique. Il ne donnait pas trop d’indices sur ce que serait The Futureheads plus tard.
Barry Hyde : « One’s burnt, twice shy ! » (chat échaudé craint l’eau froide !, ndlr). On a eu une mauvaise expérience avec ce label…
Combien de membres du groupe contribuent à l’écriture des chansons ?
Barry Hyde : Il me semble que faire des chansons, c’est toujours une question de collaboration. Une chanson pourrait avoir été écrite par n’importe quel membre du groupe, jusqu’à ce qu’on en fasse une chanson des Futureheads. C’est seulement à ce moment qu’on estime avoir vraiment fini. Il arrive ce moment où l’urgence nous pousse à en faire une « Futurehead Song ». Parfois ça fonctionne, parfois non, mais de façon générale, ça fonctionne assez rapidement.
Parfois vos chansons ressemblent à des puzzles complexes…
Ross Millard : Moins il me semble, sur ce nouvel album, car justement les chansons sont structurées de manière plus traditionnelle. Comme on l’a déjà dit, on voulait quelque chose de simple, et ce n’est pas évident car on ne sait pas trop à quoi les gens s’attendent. On a écrit les chansons rapidement, car on voulait que cet album soit puissant, qu’il ait de « big balls » (rires).
Quelles sont vos références lorsque vous pensez à un album «couillu» ?
Ross Millard : Le Bad de Michael Jackson (rires) C’est drôle de parler d’inspiration, car cela ne nous est jamais arrivé de nous poser et d’écouter des albums pour en tirer l’inspiration. La seule chose qui compte, c’est créer cette inspiration à travers nos chansons. On y arrive en jouant ensemble. On écrit quelques nouvelles chansons, et cela nous inspire davantage pour la suite.
Barry Hyde : On avait besoin de respecter un peu plus notre nature. Car on avait un peu perdu le contrôle. Loin de cette fascination britannique qui existe pour la célébrité. Ça s’est vraiment développé au cours des 5 ou 6 dernières années : les gens sont complètement obnubilés par la richesse. Toute cette superficialité m’écoeure. Il me semble qu’en Angleterre, on ait tendance à devenir de plus en plus vulgaires. Je déteste ça.
Londres est une ville étrange. Elle ne reflète pas vraiment le reste de l’Angleterre.
Barry Hyde : Oui, c’est très différent du reste du pays. C’est un peu comme New York pour les États-Unis. Cette ville a sa propre culture de diversité. Le mode de vie y est très différent, il y a plus de misère aussi. Cela te pousse à être plus égoïste. J’ai longtemps vécu à Londres et j’y ai ressenti ce repli sur soi. (Silence).
On a pensé que This Is Not The World était un bon titre pour l’album, car il sème le trouble. Beaucoup de gens comprennent : « Cet album, on ne va pas en faire un monde », au sens où il ne serait pas terrible (rires).
Il y a donc un message un peu positif. Tout n’est pas noir ?
Barry Hyde : Oui, c’est l’alliance de l’ombre et la lumière. C’est cela qu’on a essayé de capturer avec nos chansons. Celles-ci montrent le contraste entre l’ombre et la clarté, le bien et le mal, le silence et le bruit, le majeur et le mineur. Ross et moi, nous avons des tempéraments différents, nous sommes, à nous deux, une balance qui s’équilibre dans le groupe. Ross essaie de maintenir les membres du groupe dans la réalité, alors que moi j’essaie de les en extraire ! Dans un sens, c’est bien que deux personnes aussi différentes puissent écrire des chansons ensemble, et même vivre ensemble !(rires)
En 2006, j’ai assisté à votre concert, à la Maroquinerie. J’étais assez impressionné car le set était très court (environ 40 minutes, sans rappel).
Ross Millard : C’est vrai. Je me souviens que c’était un bon moment. Concernant les concerts courts… Le pire, c’est quand le public te fait sentir que tu joues pendant trop longtemps! Tu as envie que les gens en aient pour leur argent et en même temps, tu n’as pas envie de les saouler ! Pour nos chansons, 45 minutes, c’était parfait. Et c’est aussi un challenge.
Barry Hyde : En particulier si tu joues sur une petite scène. Bien sûr, si tu joues dans une immense arène, où chacun a payé 50 euros pour venir te voir, jouer 40 minutes serait plutôt mal vu (rires). Certains pensent que nos concerts devraient durer plus longtemps. Mais on s’applique à jouer nos chansons, et en 45 minutes, on peut placer environ 20 chansons. Et cela suffit, tu sais.
Oui, mais maintenant que vous avez trois albums ?
Ross Millard : Non, on n’a pas envie de jouer plus de 20 chansons en un concert !
Ou bien vous allez peut-être devoir jouer plus vite, comme les Ramones! (rires) Plus sérieusement, il semble que vous ayez abandonné l’idée de faire des reprises, depuis votre reprise de Kate Bush.
Ross Millard : En fait, non, mais on les fait sur scène. Bon, on fera peut-être d’autres reprises pour une compilation de raretés, ou pour une session radio, mais je pense qu’il n’y aura plus de reprise sur nos albums studio. A nos débuts, cette reprise de Kate Bush est devenue de plus en plus importante pour nous, jusqu’à devenir un de nos plus gros succès pendant un moment. Tout le monde a repris un jour “Tainted Love” de Soft Cell ou “Hallelujah” de Leonard Cohen, mais au bout d’un moment, un groupe doit créer son propre catalogue de chansons pour exister par lui-même.
Barry Hyde : C’était un moyen d’apprendre, d’avoir l’occasion de jouer ensemble. Comme dans les années 60, où les groupes jouaient jusqu’à 5 ou 6 reprises par set ! Comme les Who. On a fait quelques reprises à l’époque, sur les premiers EP. On n’en a pas honte, ni peur.
Je me demandais si, à l’époque du deuxième album, la major avait fait pression pour que vous enregistriez une nouvelle reprise ?
Barry Hyde : En fait, le plus ironique dans l’histoire, c’est qu’ils nous donnaient l’impression d’avoir vraiment confiance en nos possibilités. Ils nous faisaient : « Pas vraiment besoin d’écouter les démos, on se verra à la fin, faites-vous plaisir ! ». Donc c’est ce qu’on a fait, on a fait le deuxième album, dont on était assez fiers d’ailleurs, et une fois fini : « mais où sont les singles ? Et cette chanson ? Et celle-là ? »
Ross Millard : S’ils nous avaient demandé de faire une autre reprise, on les aurait envoyés balader! On ne veut pas être un groupe de reprises! Et sur ce nouvel album, notamment avec l’ouverture “Beginning Of The Twist”, qui marche fort en Angleterre, les gens s’intéressent plus à notre musique. Ce qui est très excitant, car on a besoin de progresser, d’évoluer.
Dernière question : quels sont vos albums favoris ?
Barry Hyde :
The Slits, Cut
Tom Waits, Raindogs
Fela Kuti, Music Is The Weapon Of The Future
XTC, Skylarking
Ross Millard :
Pixies, Surfer Rosa
Townes Van Zandt, Flying Shoes
Fugazi, In On The Kill Taker
The Beatles, Beatles For Sale
Red House Painters, Rollercoaster
Propos recueillis par Paul Ramone
Retranscription : Julie L. N.
Lire aussi :
– la chronique de This Is Not The World
– la chronique de News & Tributes (2006)
– la chronique de The Futureheads (2005)