À la pépinière du rock, les récoltes se font de plus en plus tôt. Les labels ont pris conscience que le talent n’attend pas (toujours) le nombre des années. Ces derniers mois, de très jeunes pousses, mineures pour la plupart, ont occupé le devant de la scène : Tiny Masters of Today, Arctic Monkeys ou Coming Soon. Il en va ainsi pour Operator Please, quintet australien – trois filles, deux garçons -, originaire de Gold Coast. Les Operator Please se rencontrent au lycée et forment le groupe pour participer au concours de leur école. Ils sont déclarés vainqueurs, remportent une boîte de donuts, repartiront sans le sucre mais avec la conviction de tenir là quelque chose. S’ensuivent un passage par la case MySpace et une Victoire de la Musique dans leur pays pour le single énervé “Just A Song About Ping Pong”. Pour ce premier effort, Yes Yes Vindictive, les juvéniles jouent un power-rock frénétique et nerveux, pied au plancher, cerveau débranché, à l’instar de Hey Gravity ou The Grates. Outre le single, quelques plages sortent du lot, telles “Yes Yes” ou “Cringe”, sur laquelle la chanteuse Amandah Wilkinson, tranchante comme jamais, nous donne du groove à la Beth Ditto en veux-tu en voilà ! On se laisse entraîner volontiers par “Leave it Alone”, qui se démarque par une belle utilisation des cordes de la violoniste Taylor Henderson, faisant vaciller un rythme lancinant. Hormis cela, les insouciants, limités dans leur registre, ont du mal à tenir la distance. Et s’égarent même en ralentissant avec deux incursions pop qui ne sont pas du tout opportunes (“Two For My Seconds”, “Other Song”). La voix d’Amandah, qui cesse de s’égosiller, et les violons de Taylor, moins énergiques, perdent en intérêt. Bilan : deux moments passablement cul-cul dont on se serait allègrement passé. Malgré cet album inégal, Operator Please laisse entrevoir un potentiel, de quoi espérer que les jeunots nous donneront du caviar avant de devenir de vieux cons.
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