Un lancement de carrière tient parfois à peu de choses. Un chanteur américain en tournée dans le coin qui entend par hasard un titre parfaitement inconnu, qui décide de le reprendre dans la foulée lors du concert qui suit, et c’est le début d’une drôle d’aventure. Ici, la star (relative) c’est Brendan Benson qui, en tournée en Irlande avec son pote Jack White, s’abreuve dans un pub et entend un truc qui lui titille le conduit auditif, au point de s’en enticher plus que de rigueur. La pépite, c’est “Floating”, extrait du premier album (Cosmosphere, tiré à 500 exemplaires) de Richie Jape, un sombre artiste local qui peine à se faire un trou. Aussitôt, voilà que The Raconteurs reprend ladite chanson en ouverture de son show devant les yeux ébahis de l’heureux élu. Logiquement, le buzz prend immédiatement. Voilà comment on s’extirpe d’un groupe de punk hardcore – The Redneck Manifesto – pour voir son deuxième album signé sur une major, ce Ritual, que l’on tient entre nos mains. Entre Jamie T. pour les paroles machouillées et Beck circa Odelay pour le mélange des sons, des rythmes et des genres, mais en bien moins inventif et plus electro toutefois, le résultat glisse sans effort, porté par l’enthousiasme des mélodies (parfois bâclées) et l’inventivité des arrangements. Un album multicolore et hédoniste, de ces disques qui accompagnent idéalement de longs trajets sous le cagnard en direction du camping des vacances. Claviers syncopés, basse sautillante et guitare cheezy, mélange idéal pour une musique inconséquente mais agréable – “Strike me Down”, ça dépote sévère tout de même. Même Richie Jape semble ne pas chercher à dissimuler son engourdissement, légèrement étourdi par le ronron des titres amènes. Jape c’est un peu comme un copain de camping, justement, un gars avec qui on partage avec plaisir le pastis du soir après la douche en rentrant de la plage, mais oublié dès la première barrière de péage passée sur le chemin du retour. On a le droit de passer à côté, même si on n’a rien contre une petite carte postale de temps en temps, histoire de raviver l’illusion d’une amitié.
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