Trois ans après le très réussi Different But The Same, David Liebman et Ellery Eskelin croisent à nouveau leur souffle au saxophone ténor. Si entre-temps le premier a livré des oeuvres inégales au sein de diverses formations, le second en revanche s’est fait beaucoup plus rare depuis le raté Quiet Music (2006), album de trop qui marquait la fin d’un prolixe cycle discographique en compagnie des fidèles Andrea Parkins et Jim Black. Explicite, Renewal laissait donc espérer, outre la reconduction d’un excellent face-à-face, la possibilité d’un nouveau départ pour Eskellin, sous l’oeil bienveillant de l’aîné Liebman et du défunt Eric Dolphy – dont le fameux “Out There” repris par deux fois s’avère plus convaincant lors du Take 1 final. Une attente contrariée dans la mesure où cette seconde rencontre fait écho au dialogue passé sans en modifier sensiblement les grandes lignes fondatrices. Epaulé par les mêmes Tony Marino (contrebasse) et Jim Black (auteur d’une entame diablement attrayante), tous deux davantage impliqués dans l’écriture des compositions, le duo de saxophones expose, à l’unisson ou de manière alternée, des thèmes que chacun développe trop souvent campé dans le style qui le caractérise. Sous la plume d’Eskelin, “IC” montre pourtant sans forcer son destin que le quartet pouvait se réinventer au-delà des bases formelles du premier essai. Brille ici une aptitude commune à embraser, avec force saccades, lignes brisées et prises de parole frénétiques, un horizon joyeusement indéfini entre post-bop et free. Lot commun des deux albums, cette approche libertaire trouve sur cette septième plage un déroulement et une finalité plus inattendus qu’à l’accoutumée (la conversation des cuivres tend à la conversion des timbres et l’exploration de zones – entre-deux – plus troubles). Une réserve somme toute minime qui n’entache cependant pas l’écoute d’un album de haute tenue tout à fait recommandable.
– Le site de Hatology