L’échappée belle du leader des Decemberists. Guitare sèche et plaisanteries au coin du feu.
Il est des voix qu’on ne peut oublier. Citons parmi d’autres Conor Oberst, chanteur de Bright Eyes, Kevin Barnes de Of Montreal, ou Ben Gibbard des Death Cab For Cutie… Colin Meloy est de cette trempe. Une voix traçable. Pour ceux qui ne connaissent pas ce nom, il leur suffira de quelques couplets au pire, quelques mots plus sûrement, pour retrouver où, mais où nom de Dieu, on a bien pu entendre ce timbre sucré et délicat.
Car Colin Meloy est la cheville ouvrière et l’âme d’un formidable groupe de Portland, The Decemberists. Une formation fondamentale, malheureusement trop souvent snobée de ce côté-ci de l’Atlantique. Quatre albums à géométrie variable, glissant de compositions orchestrales et baroques à des chansons à l’introspection touchante, sans oublier quelques passages délicieusement rock. Castaways and Cutouts (2002), Her Majesty (2003), Picaresque (2005) et The Crane Wife (2006) sont les productions jouissives de ce combo malin.
Mais en cette année 2008, Colin Meloy, l’homme de base, le pilier, s’est détaché pour la jouer en solo. Et il n’en est pas à son coup d’essai à ce petit jeu-là. En 2005, il était parti jouer de salle en salle son EP autoproduit, Colin Meloy Sings Morrissey, mille copies toutes vendues au cours de ce tour. Rebelote en janvier 2006. Accompagné de Laura Veirs et Amy Annelle, il propose un EP de reprises de la chanteuse folk britannique Shirley Collins. C’est d’ailleurs au cours de cette tournée que sont enregistrées les pistes de Colin Meloy Sings Live. À la sortie de ce dernier opus, en avril 2008, Colin se paie une nouvelle tournée, avec Laura Gibson et dans sa valise les EP Colin Meloy Sings Sam Cooke. Un chanteur folk à contre-emploi pour une icône soul.
Des projets de Colin Meloy, l’album qui nous intéresse aujourd’hui est le plus « Decembero-centré ». On y retrouve une majorité de titres du groupe, des versions dénudées de leur veine orchestrale, exsangues et qui s’appréhendent d’une manière nouvelle, se découvrent une seconde vie acoustique. “The Engine Driver”, “We Both Go Down Together” ou “On The Bus Mall” sont magnifiées avec les à-coups de la guitare sèche et la voix perçante d’un Meloy, tantôt apaisé, tantôt déchaîné. Il ouvre l’album avec “Devil’s Elbow”, une balade magnifique datant de ses années collège et de son groupe d’alors, Tarkio.
Goguenard, Colin discute, plaisante, fait participer un public très présent – entre et pendant les chansons. Il se permet de jouer, par pure honnêteté « la pire chanson qu’il ait jamais écrite », “Dracula’s Daughter”. Ce qui est vrai, il faut bien le reconnaître. Il se permet quelques digressions, faisant glisser “Here I dreamt I was an Architect” vers un “Dreams” des Fleetwood Mac ou partant de “Youth and Beauty Brigade” pour finir sur un “Ask” des Smiths. Probant.
À la fin de l’écoute, on ne peut s’empêcher de s’interroger sur le but de cette relecture intimiste du travail des Decemberists. C’est pour Meloy, qui l’a confié dans la presse outre-Atlantique, un moyen de se retrouver, de reprendre du jus pour repartir de l’avant avec sa formation. Sings Live ! s’adresse avant tout aux fans hardcore des Decemberists. Mais les néophytes, malgré le côté artisanal de la production et la longueur de l’album, trouveront là une porte d’entrée ou de sortie pour découvrir Meloy et les Decemberists. Et profiter de cette voix sans issue.
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– Le site des Decemberists
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