Dans la discographique irréprochable du quatuor britannique emmené par le dandy discret Alasdair MacLean, That Night, A Forest Grew marque sans conteste un tournant artistique placé sous le sceau du « Chic & Groovy ». L’accroche pourrait choquer les dévots, venant de ces chantres d’une musique précieuse et esthétisante, nectar distingué de pop baroque sixties et de néo romantisme eighties flagellé à coup de glaïeuls/Rickenbacker par les inconsolés Smiths… Mais voilà que le tempo entraînant nous rattrape sur ce EP, clôturant ainsi une trilogie chercheuse initiée sous la complicité du label madrilène Acuarela (avec le brumeux Lost Weekend EP [2002] et le dissonnant Ariadne [2004]). L’évolution n’est pas vraiment significative dès l’entrée en matière “Retiro Park” plutôt fidèle aux sublimes ballades au chandelier qui nous guidaient sur les précédents bals. Mais dès le second titre, le gimmick de guitare funky sur “Share The Night” prend de court lorsque nous étions tellement habitués à leurs arpèges bucoliques, avant de succomber à nouveau. Même traitement de faveur sur “George Says He Has Lost His Way In This World”, où Alasdair MacLean se découvre d’abord une voix de Leonard Cohen, puis reprend ses accents cockney. En accélérant le métronome, The Clientele n’a pas souillé sa pop, mais époussète ses meubles, leur procurant un nouvel éclat insoupçonné. Sur une production qui frise la perfection et le raffinement, That Night, A Forest Grew redonne ses lettres de noblesse au swingin’ London. Cette élégance du détail, sans tapage, est de celles qui font trembler la Cour.
– La page Myspace de The Clientele
– Le site officiel
– Lire également la chronique God Save The Clientele (2007)
– Lire également la chronique de Strange Geometry (2005).