À la rencontre (mais fallait-il encore le présenter ?) d’un grand monsieur de la country/pop, interprète légendaire dont l’association avec le producteur Jimmy Webb et ses symphonies génialement baroques ont engendré quelques unes des plus belles pages de la musique populaire d’il y a trente ans (“By The Time I Get To Phoenix”, “Galveston”, “Wichita Lineman”…). Sorti de sa semi retraite, ce retour discographique du grand blond est contre toute attente une excellente surprise. Sur la pochette, sobre, le gentleman (…On my Mind) pose avec sa guitare, son nom en lettres dorées donnant l’illusion d’un Johnny Cash en blanc. Mais l’Américain a le bon goût sur disque de ne pas glisser sur le succès des American Recording Sessions. S’il s’agit aussi d’un recueil de reprises, le soin porté aux arrangements se veut nettement plus étoffé que les productions de Rick Rubin, dans l’esprit symphonique de ses succès seventies dirons-nous. Du très bel ouvrage qui ne cède pas à la guimauve FM, et où l’on retrouve notamment sur les crédits le multi-instrumentiste Jason Falkner (Air, Radiohead), gage d’intégrité, et le renfort aux choeurs du clan Campbell (pas de jeu de mots, s’il vous plait). Mais tout l’intérêt du projet repose sur le choix judicieux porté aux chansons. Certes, on y trouve du dispensable (Travis, Foo Fighters et les insupportables Green Day), mais aussi quelques véritables fines plumes du rock américain : le flamboyant Paul Westerberg (feu The Replacements), The Velvet Underground (« Jesus »!), Tom Petty (deux très beaux morceaux méconnus tirés de la BO du film She’s The One), son vieil ami Jackson Browne… On apprécie d’autant plus lorsque la sélection donnant dans les poids lourds, comme U2 (très beau “All I Want Is You”) et John Lennon, évite les clichés trop facile de reprendre « Imagine ». A soixante dix ans passés, l’éternel jeune premier a gardé bon goût, et sa voix d’angelot tout son éclat. Classieux, évidemment.