En septembre 2007, le contrebassiste norvégien Arild Andersen présentait sur scène, au Belleville Club et au Drammen Theatre d’Oslo, son nouveau trio cosmopolite, avec l’italien Paolo Vinaccia à la batterie et l’écossais Tommy Smith au saxophone ténor. Quatre morceaux de ce set sont réunis sur Live At Belleville, dont une longue suite de 45 minutes, “Independency” (composée en 2005 à l’occasion du centenaire de la libération de la Norvège), qui se développe en quatre mouvements amples, et un standard revisité, « Prelude To A Kiss » de Duke Ellington. De la flamboyance au repos des braves, l’album épouse ainsi l’humeur changeante d’un trio visiblement pas en manque d’expressivité. Avec une inspiration tout aussi soumise à variations : si certaines plages sidèrent par leur puissance libératoire, d’autres plus suaves ne sont pas sans provoquer quelques bâillements. Il en va ainsi d’un “Independency Part 2” magnifié par un grandiose Tommy Smith, entre exaltation et abandon, qui fait montre d’un phrasé explosif mais d’une grande variété de nuances, suivi d’un “Independency Part 3” soporifique, où l’adjonction artificielle de nappes électroniques datées relève de la pure naïveté, sinon du mauvais goût, quand on imagine qu’elles devraient contribuer à la dimension lyrique et relaxante d’un morceau volontiers méditatif (de fait, le contrebassiste reproduit ici les mêmes travers zen persistants de son ami Jan Garbarek). En revanche, “Outhouse” propose une admirable gestion des temps forts et faibles, la construction soignée du discours autorisant une imprévisibilité de tous les instants. Élément déclencheur d’une furia galvanisante, la batterie hypersensible de Paolo Vinaccia, après avoir été caressée avec tact, fait proprement des étincelles sur ce morceau, alors que les cordes de la contrebasse sont parcoures de spasmes haletants, et que le saxophone en fusion intervient par saccades. Mais de nouveau moins convaincus par la ballade “Dreamhorse”, à la langueur mielleuse, Live At Belleville nous laisse au final plutôt sur notre faim.
– Le site de ECM