Nous resterons éternellement reconnaissant au label Sub Pop d’avoir sorti tel quel, brut de décoffrage, le premier album d’Iron & Wine. Une sélection de folk songs en sourdine, qui sentait bon la loge planquée au dernier étage d’une station balnéaire, avec vue imprenable sur l’horizon bleu. Certes, Stray Age, celui du petit dernier protégé du label de Seattle, Daniel Martin Moore, n’est pas une collection de démos, mais la tradition du sédentaire se perpétue. Signé sur la seule foi d’une cassette, ce grand jeune homme élancé originaire du Kentucky au faciès serein (sosie troublant de Kyle Eastwood, le fils de Clint) serait il est vrai, du genre à inspirer la confiance. Mais quelque part entre l’austérité virtuose d’un Nick Drake et les plages de sable chaud du gars en tong Jack Johnson, Daniel Martin Moore se pose là. Cruel dilemme auquel il ne se résous pas tout au long de ce disque. Aiguillé du vieux briscard Joe Chiccarelli (The Strokes), une douzaine de musiciens se relaient en studio (dont la violoniste Petra Haden) sans que cela s’entende vraiment (prière d’utiliser les patins à l’entrée). Reste quelques jolies guitares desperados (“That’ll Be The Plan”), et l’arrivée d’un piano après l’averse (“By Dream”), qui hélas, ne suffisent pas à nous faire chavirer complètement. Le garçon a cependant bon goût et se fend d’une reprise du « Who Knows Where The Time Goes” de la trop tôt disparue Sandy Denny, voix de Fairport Convention. Un disque agréablement léger et sans conséquence, mais de là à crier au chef-d’oeuvre, non, désolé, ce ne sera pas pour cette fois.

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