Tout l’art de la dream pop tient dans la plume. Légère dans l’air, elle apaise les maux sur papier. Plumassiers du genre aux côtés de Coastal, leurs alliés de label… le couple Mark et Sharon Rolfe s’applique à exalter une pop/folk marquée au sceau des glorieux ainés Galaxy 500, Mazzy Star, Spain… Trois albums déjà, et Lorna ne semble pas décidé à se défaire de ce tropisme cotonneux ; mais ne les bousculons pas non plus trop vite. Esthète en la matière, la formation de Notthingham n’a pas son pareil pour ralentir le battement de coeur des guitares acoustiques, tout en y greffant quelques fins arrangements d’un quartet à cordes et à vent. Orchestré avec un sens du raffinement rare, Writing Down Things To Say atteste que les Lorna n’ont pas encore vidé l’encrier de sa lettre de rupture. Et ce serait presque une bonne nouvelle. La dualité des harmonies vocales, soufflée au creux de l’oreille, convertiront les admirateurs de Mojave 3 première période (les initiés le savent déjà). A peine déviés par une lap steel, les claviers sur “Not In My Lighthouse” ou encore “Mostly Good Times” — pop de chambre doublée d’une section à vent qui pluviote — maintiennent avec virtuosité ce doux état de flottement épris de romantisme. Le rythme éthéré suit son cours jusqu’à l’exceptionnel coda, “Warm Architecture”, qui semble délivrer tous les secrets de cet équilibre en un seul morceau. A noter : une reprise bien sentie, “Think (Let Tomorrow Bee)” de Sebadoh, débarrassée de sa carcasse cabossée de distorsions et chantée par Sharon Cohen, et une exception dans cette mécanique de couple, la parenthèse très Gastr del sol “East Of The Stars” composée par le flutiste du groupe Matt Harrison, qui démontre que le musicien n’est pas là que pour jouer du pipeau. Une nouvelle piste ? La recherche attendra encore un peu.
– Lorna sur Myspace
– Le label Word on Music
– Lire également la chronique de Static Patterns and Souvenirs (2005)