Déjà quatre albums et dix ans de résistance souterraine pour cette formation post-rock parisienne qui mériterait davantage de considération ici et ailleurs — surtout au regard de la baisse de régime de certains labels spécialistes du genre comme Temporary Residence, Strange Attractors ou Bella Union… Mais les choses pourraient bien s’accélérer avec Doubleplusgood, colossale démonstration de force (en apesanteur) et successeur du non moins mémorable, Memory Man. Le vrai choc des cultures a lieu avec ce quatuor franco-russo-latino qui trace minutieusement les plans d’un rock atmosphérique où guitares panoramiques (tenues par la paire Maxime Petrovski, également au chant, et Andres Sotos) libèrent une tension sourde des plus captivantes. Après « 130 Revisited », une entrée en matière carrée (c’est-à-dire avec un refrain), les boussoles s’emballent avec « Bald Soprano » qui développe une dramaturgie des six-cordes guère entendue que chez Explosion in the Sky et Paik. « Chinese Wall Of Sound », pesante déflagration space-rock, gravite encore plus haut : sous un blizzard de larsen, des notes aigües sifflent comme des étoiles filantes se désintégrant dans un champ magnétique. Pris dans ce déluge de distorsion sensorielle, le chant de Petrovski rappelle parfois Brian Molko — en bien moins éreintant cela dit — et sait s’effacer au moment où l’ascension des guitares se fait sentir – « Straight A », « Doubleplusgood ». On ne saurait que trop conseiller à Robert Smith d’écouter l’ultime « Doubleplusgood », une trombe de notes claires réverbérées emportant l’auditeur dans un état de mélancolie moite. Le vieux corbeau en perdrait ses plumes. Doubleplusgood, c’est deuxfoisplusmieux.
– La page Myspace
– Le site du label Planet of Sound