Il nous revient plus solitaire que jamais, l’Anglais Matthew Shaw, ancien réfugié du label bordelais Talitres, désormais exilé plus au sud chez les Espagnols d’Acuarela. Et le temps a beau être plus clément sous le soleil de Madrid, on constate que le climat est toujours d’automne sur Little Flashes of Sunlight on a Cold Dark Sea. Enregistré dans son cottage de Poole au sud de l’Angleterre, ce quatrième opus abandonne un peu le tout electro/atmosphérique de Some Lost Bliss (2007) pour reconsidérer le vague à l’âme sur des tonalités acoustiques, délaissées depuis le superbe EP Into Timeless Shadows (2006). Les touches d’un piano intimiste ou les arpèges nus d’une guitare sèche sont ses seuls dessous d’introspection (à l’exception de quelques nappes ambiant discrètes). Ces instruments organiques redonnent (douce ironie) de l’espace — et bien sûr de l’humanité — à son sublime songwriting renoncé. Sa voix grave et lente feignant l’immobilité amadoue en vérité l’obscurité, captive sur l’indécise “Unanswered Question” ou encore l’abyssale (l’habit sale) “Dream Sliding”. La peau sur les os (eaux), la chanson s’habille d’une reverb bouleversante sur “Dawns of Hope”, “Sunsets of Sorrow”… Un constat alors s’impose : Monsieur Shaw, au diable les costumes trop electro-cintrés ! Sur ces petits rayons de soleil éclairés sur une mer sombre et froide, le bleu vous va si bien.
– Lire également la chronique de If Just Today were To Be My Entire Life (mars 2004)