Il a fallu attendre cinq ans pour que le quatuor parisien donne une suite au remarqué Time We Spent Together, cinq ans à torturer sa patience pour ceux qui avaient succombé à cette pop suspendue à des bourgeons au plus fort du printemps. Ce deuxième album est à la hauteur des attentes, avec un grand pas franchi dans l’accomplissement de cette pop lumineuse. Petits frères spirituels de Girls In Hawaii, lorgnant vers les Travis de The Man Who, les membres de Exsonvaldes évoluent avec délice dans un océan d’arpèges et d’accords majeurs, leurs compositions explosant de mille feux. Il y a chez eux un don évident pour trousser des mélodies fortes et capricieuses, mais il a fallu le travail tout en hauteur d’Alex Firla (qui a notamment oeuvré aux côtés de Phoenix) pour leur offrir cette cathédrale sonore. Ainsi les gamins ont-ils appris à appréhender le volume, à évoluer en troisième dimension, et cette nouvelle donne leur va à ravir. Même le chant très mâchoires serrées et un peu flottant n’assombrit pas ce tableau. Il se passe tellement de choses dans ces chansons — un pont qui s’envole, un refrain qui courbe l’échine sous le feu des guitares, une basse qui prête le flanc à l’acharnement de la batterie — que l’on ne peut que se laisser porter par la musique. Allers-retours incessants entre mid-tempi chloroformés et déflagrations de six-cordes, Near The Edge Of Something Beautiful assume, le port altier, de suivre des autoroutes plutôt que des sentiers ombrageux. Peut-être avons-nous déjà entendu cela mille fois, mais rarement avec une telle décontraction, une telle nonchalence, cette frivolité qui rappelle les débuts des Tahiti 80. On ne peut donc que saluer cette volonté de s’attaquer avec autant de panache à un domaine si encombré, et même à deux doigts de tomber en désuétude. Dans son genre, une réussite.
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