Comment ne pas tomber sous le charme, lorsqu’on est demandeur de rock romantique et ténébreux, de cette voix impérieuse et renversante, de cette sophistication noire dans les arrangements et de ses guitares post-punk dominatrices ?
The Fatales, comme nous vous l’annoncions précédemment, devrait être le haut point de ralliement des inconditionnels d’Interpol et The Czars. Leur premier album, Great Surround, produit par Andy LeMaster (Bright Eyes) est assurément l’Arme fatale(s) de ce printemps, et “Vanishing Act”, l’une des plus belles étreintes post-punk entendue ces derniers mois. Alors que leur impressionnant début paraîtra sur les terres hexagonales le 6 avril prochain (par l’entremise du label Monopsone), Wayne Switzer (compositeur, guitare et clavier) nous détaille chacune des belles envolées de l’album.
Evergreen
« Par où commencer ? » était une question récurrente pour ce disque… Il y a quelque chose d’irrésistible dans la musique lorsqu’elle prend son temps, se déroule progressivement. Pour nous, cette chanson a anticipé l’humeur de l’album Great Surround, le rythme, sa finalité épurée, ce côté « hors du brouillard ». Un sentiment positif s’est dégagé en studio la première fois qu’on a entendu le playback.
Islands of Fortune
L’une des dernières chansons que nous avons écrite avant l’enregistrement, nous n’avons encore jamais eu l’occasion de la jouer en concert. L’ambiance dub (à la King Tubby) revient plus d’une fois comme influence, et l’editing d’Andy (Lemaster) n’a fait que pousser encore plus loin cet effet de collage.
Old Painter
Il n’a jamais été un peintre en soi, mais Carlo Mollino était la quintessence de l’architecte/designer fétiche. Il possédait un petit appartement à Turin, dans le seul but d’y photographier des femmes à côté de son mobilier surréaliste… Il se fournissait même en dentelles de San Gallo à l’occasion pour réaliser quelques polaroïds érotiques. Pourtant, il n’y a jamais passé une nuit, il vivait seul et a conservé ses photos dans le secret jusqu’à sa mort. Ce n’est qu’après avoir écrit cette pesante et inquiétante toile de fond, que la narration s’est mise en place.
Eveningwear
Cet arrangement, initialement intitulé “Leitmotiv 1”, a d’abord été enregistré sur notre EP quatre titres qui date de 2005. Coïncidence, le morceau s’enchaîne naturellement avec « Vanishing Act », procurant ainsi un court répit. Nous avons eu la chance d’avoir des amis talentueux qui ont réalisé/arrangé dessus des cordes luxuriantes, mais il y a aussi quelque chose d’admirable à l’écoute de ce violoncelle raide, solitaire et chancelant.
Vanishing Act
A l’origine, un arrangement de piano qui remonte à 2003. Je pense qu’aucune autre de nos chansons n’a une ligne de chant aussi accrocheuse, car en général nous commençons par le rythme. Notre instinct maintenant répugne à aller vers quelque chose de si ouvert… Même si un jour nous voudrons probablement écrire à nouveau des chansons pop comme celle-ci.
Stadtpark
Le son de la brume, un parc urbain la nuit. Celle-ci a été écrite à Vienne, et tient son nom de souvenirs de là-bas. Nous avons tendance à sans cesse réécrire/réarranger nos chansons… Mais « Stadtpark » n’était pas l’une d’entre elles. Paradoxalement, la seule chanson qui ne nous a pas fait perdre le sommeil est celle-là même qui a éveillé l’intérêt de Monopsone pour nous.
Darkened Country
L’entraînante section basse/batterie me rappelle toujours une de ces géniales sections rythmiques de la Motown — ce qui n’est pas mal. Cette chanson date elle aussi de notre EP de 2005, mais elle a évolué depuis au fil des mois et des années, après avoir été jouée en concert… Il était temps qu’on s’arrête. Encore quelques années, et nous aurions abouti à un véritable opus psychédélique.
Violette
Une déviation jusqu’à la fin, je pense qu’aucun d’entre nous ne savait comment cela sonnerait jusqu’à ce que nous ayons entendu le playback avec Andy. La superposition du mellotron dissonant a été une très bonne surprise… d’autant plus que nous avons failli ne pas inclure cette chanson sur l’album.
City en Route
Un autre fragment instrumental que nous avons laissé mijoter un bon moment. Pour moi, le morceau reflète ce sentiment singulier d’entrer dans les faubourgs d’une ville, en regardant vers l’intérieur. L’objectif, sur ce titre, a été de retravailler la rythmique (dans ce cas présent par la voie électronique) pour que l’on puisse se représenter les zones urbaines en toile de fond. D’autres instruments auraient pu jouer en sa défaveur. Pas une mince tâche.
Torches
Sachant que cette chanson clôturerait probablement le disque, nous imaginions sans doute un grand son monumental pour l’enregistrement… Ce fut surprenant d’entendre certaines qualités plaintives, presque hymnesques, apportées par le travail d’Andy. Il y a beaucoup de nostalgie dans cette chanson, un point sur lequel Andy a insisté pour que je l’inclue dans la voix. Plutôt que de conclure le disque, il semble que le sentiment se prolonge, le rythme toujours à fleur de peau.
The Fatales, Great Surround (Monopsone) Sortie le 6 avril.
– Myspace
Remerciements à Mathilde
English Version
Evergreen
“How to begin?” was always a question for this record…and there is something compelling in music that takes its time, gradually unfolding. For us, this song anticipated the mood of *Great Surround*:
the rhythm and low-end arriving, focused, out of the fog. A positive feeling in the studio, as we first heard the playback.
Islands of Fortune
One of the last songs we wrote before the
recording- we never had the opportunity to debut this live. Dub ambiance (a’ la King Tubby) was brought up more than once as an influence, and Andy’s (Lemaster) editing only took this collage-effect further.
Old Painter
Never a painter per se, but Carlo Mollino was the quintessential fetish architect. He kept a small flat in Torino, solely for the purpose of photographing women in the surreal furnishings…even providing the San Gallo lace for the erotic occasions. Yet, he never
spent a night there, lived alone and kept the photos a secret until his death. Only after we’d written this heavy, restless backdrop did the narrative fall into place.
Eveningwear
This arrangement, originally titled Leitmotif 1, was
first recorded on our 4-song EP from 2005. Coincidentally, it segued naturally into Vanishing Act, providing a short respite. We were fortunate to have talented friends who performed/arranged the lush strings, but there’s something to be admired in the stark cello, down-tuned and wavering alone.
Vanishing Act
Originally a piano arrangement from 2003. I can’tthink of another song of ours so indebted to a vocal hook; as we typically start with rhythm. Our instinct now is to shy away from something so overt…though one day we’ll probably wish we could write pop songs like this again.
Stadtpark
The sound of the misty, leafy city park at night. This was first written in Vienna, taking its name from the memory there. We have the tendency to endlessly re-write/ rearrange our songs…but this wasn’t one of them. Ironically, the one we never lost sleep over is the same song that first attracted Monopsone to us.
Darkened Country
The propulsive bass and drums always reminded me of those great Motown rhythm sections- who could do no wrong. This was also first recorded on our 2005 EP but evolved since then, having been played live, over months and years…so, this was a good stopping point. Another few years, and we’d have had a full-blown psychedelic opus.
Violette
An outlier right until the end- I don’t think any of us knew how it would sound until we heard the playback with Andy. Overlaying the dissonant mellotron was a long-awaited treat…even moreso, as we nearly didn’t track this song at all.
City en Route
Another instrumental fragment we let simmer for quite awhile. For me, this is that distinctive feeling upon entering the environs of a city, looking inwards.The focus became re-working this rhythm, (in this case electronic) to provide that urban backdrop which the other
instruments could play against. No small task, it turned out.
Torches
Knowing this song would likely close the record, we probably imagined a big, momentous sound from the recording… so, it was surprising to hear some of the plaintive, almost hymnal, qualities that Andy brought
out. There’s a lot of longing in this song- something he kept pressing me to capture in the vocals. Rather than resolving the record, it seems to extend the feeling, always with two fingers on the pulse.