Les dents grincent… On aurait pourtant aimé défendre corps et âme ce disque, vanter en ces lignes que la sympathique paire de songwriters pop Justin Rice et Christian Rudder a réitéré son faramineux défi de 2006, The Broken String, compilation de leurs meilleurs performances tirées d’un exploit quasi marathonien : enregistrer à cadence mensuelle un EP gavé de douceurs, mélodies festoyées et instantanées — soit 58 morceaux ! Or, après s’être retroussés les manches durant douze mois, les anciens étudiants d’Harvard, visiblement lessivés, manquent le coche sur ce troisième album, qui n’a de dangereux que son titre. Et c’est bien là le problème majeur de GRRR…, on aurait préféré que Bishop Allen sorte les crocs. Trop inoffensif, le quintet accumule ad nauseum les airs gentillets sans punch, au point de procurer à leur insu l’effet inverse sur l’audience. Ce trop plein de sentiments mignons finit par assommer. En roue libre, on en vient à souhaiter qu’un trois tonnes les éclabousse, salisse un peu cette cérémonie trop convenue, qu’ils piquent enfin une colère et montrent de quel bois ils se chauffent… On sent bien que l’étincelle est encore là sur “South China Moon” — comme par hasard le titre le plus remonté — ou “Cue the Elephants”, mais l’effort n’est pas suffisant pour relever l’intérêt de ce long treize titres. Il nous revient alors en mémoire les glorieux Papas Fritas, qui eux savaient autrement sublimer l’innocence. Enregistrer dans l’urgence leur sied mieux.
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