Hard As Love est un premier album réellement porté par son auteur. Terminé en 2006, mûri, livré par un label monté pour l’occasion en 2009, ce disque n’a rien d’un caprice ou d’un coup de tête, encore moins d’un gravillon de plus dans le sinueux sentier de la hype. Et si on ajoute que Joseph Leon a d’abord assumé sa carrière d’universitaire avant de se lancer dans la chanson, on achève cette chronique du temps qui prend son temps pour laisser faire l’homme comme bon lui semble. D’un classicisme west coast absolu, traînant un spleen crépusculaire et pacifique (de l’Océan) comme d’autres traîneraient un voile virginal, entre American Music Club et Leonard Cohen, ce premier album est un enchantement de tous les instants. Quand la sensibilité abandonne la sensiblerie sur les podiums de radio-crochet, quand la mélancolie se drape d’une élégance vespérale et arbore sa morgue pour mieux dissimuler ses chevilles flageolantes, quand la voix survole les chansons, transportée entre les portées musicales, se glissant entre les notes pincées sur la guitare ou à peine frappées sur le piano. Aucune place à l’expérimentation ou son contraire, la pose. Un chanteur seul, debout face à ses chansons, et derrière cet artiste beau comme un dieu, et pas seulement physiquement, un homme qui assume sa part de féminité et ses turbulences intimes sans les étaler. Ce premier album, mille fois entendu ailleurs, en d’autres temps, cache un univers fragile mais harmonieux et somme toute équilibré, par la grâce d’une écriture raffinée, dégraissée, touchant à l’essentiel, confinant à l’épure. Un premier disque renversant pour quiconque est doté d’un cœur.
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