La pop hexagonale a ceci de magique qu’au moment précis où son niveau général semble se vautrer dans une médiocrité ambiante, rejetant dans les marges ses meilleurs fleurons (la mise au ban de Benjamin Biolay, le relatif insuccès de Holden), ou quand même ses plus vénérables représentants se contentent d’autoparodie (le très discutable dernier album de Dominique A), venue de nulle part surgit une petite pépite qui remettrait quasiment les compteurs à zéro, nous faisant presque oublier nos craintes. C’est précisément le genre de bonne surprise que vient nous offrir Diving With Andy avec ce délicieux Sugar Sugar, successeur d’un premier album éponyme déjà remarqué en 2006 (et âprement défendu par Biolay, comme on se retrouve), formidable roman photo sonore rendant hommage à une certaine idée de la pop. Entre Scott Walker, Lalo Schifrin ou Margo Guryan, Juliette Paquereau, Rémy Galichet et Julien Perraudeau (que l’on retrouve également au générique du dernier effort de Rodolphe Burger) papillonnent allègrement. Compositions ambitieuses, production fastueuse et parfaitement aboutie, écriture raffinée, tout contribue à l’élaboration d’un univers certes ultra-balisé, mais tellement bien digéré que les erreurs de jeunesses autrefois recensées ont définitivement disparu. Autour du thème universel du couple, Juliette Paquereau brode des textes doux et sensibles, qu’elle interprète avec une délicatesse de fonte des neiges, alliant gravité, sensualité et abandon, éclairant les chansons de sépia. Saluons également la dextérité à marier les genres inhérents à ce style : entre bossa, jazz, soul et pop de chambre, Diving With Andy navigue en terrain connu sans crainte de se perdre, livrant dix titres comme autant de tubes potentiels qui devraient ravir amateurs éclairés comme simples passagers de la chose musicale. Un très bon disque de pop aguicheuse, au succès annoncé et très largement mérité.
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