Peter Bjorn And John veulent en croquer, du succès… Il faut dire qu’ils y ont goûté, la descente a dû être rude. D’ailleurs, ils ne sont pas descendus, ils se sont croûté…
Cinquième album pour les Suédois siffleurs — si l’on compte le récent instrumental Seaside Rock (2008) –, Living Thing est censé faire oublier le succès planétaire du champion Writer’s Block (2006). Si l’on sait Peter Morén, Bjorn Yttling et John Eriksson ardents pourvoyeurs de tubes, on craignait que ce récent passage sur le devant de la scène leur fasse un tant soit peu tourner la tête. Et les récents avènements des pileux Justice et des insupportables MGMT les ont probablement rendus fous de jalousie. Pour peu que l’on entende un titre dans un rassemblement UMP, ce qui aurait quand même plus de gueule que dans des supermarchés à poids rouges, mais toujours moins que dans la campagne de pub d’un opérateur câblé, et là ce serait le comble… C’est pourtant ce qu’il s’est passé, la compétition de la pub (voulue ou pas) la plus pourrie a fait monter nos trois groupes en sauce. Sur le court terme, victoire aux néo-babs ricains qui ont gagné au tribunal. Mais sur la longueur, le César d’honneur (ou plutôt le Gérard ?) reviendrait alors à nos trois amis, puisqu’ils sont pour l’instant les seuls à pouvoir se targuer d’une vraie discographie.
Pour arriver à leurs fins, Peter, Bjorn and John ont fait table rase du passé, débarrassé leurs chansons des petits artifices qu’ils avaient pris l’habitude de leur octroyer. Allant même jusqu’à les pousser à se dévêtir en public. Résultat, exit les sifflements, au diable les guitares champêtres. A la rigueur, au trou les arrangements. Et parfois, à la poubelle les mélodies. Ah ben merde, du coup on a balancé quelques bonnes idées sans faire gaffe…
Bon, tout n’est pas perdu. Les gosses qui chantent sur des rythmes electro, ça plaît ? Zou, va pour le tube archi-convenu “Nothing To Worry About”. Les rythmes fabriqués avec des petits bruitages, de l’écho et un peu de crasse, ça fait précurseur, ça fait… ça fait !! ça fait trop Animal Collective !!!!!! p’tain, ça le fait grave !!!!! attends, attends, j’y colle un titre trop djeun’s qu’est pas bien : “I’m Losing My Mind”, si ça ça cartonne pas, je fais un duo avec Soan l’an prochain… Puis c’est bien de ne se baser que sur des rythmes, ça sonne electro. Problème, pour que ça fonctionne, faut quand même que ça soit un minimum travaillé, tout ça. Car à trop vouloir faire moderne, à trop vouloir jouer avec la matière et tenter l’aspect béton poncé, ça finit en crépis qui accroche et effiloche les fringues. Moche. Enfin, toujours moins que la greffe tentée entre David Byrne et… Pow Wow sur le titre phare.
Un titre, un seul sort de ce marasme la tête haute, le hold-up parfait, “Lay it Down”, une tuerie intégrale au rythme tachycardisant, au refrain roboratif à souhait et au crescendo plutôt épuisant. Un sprint de bon aloi en plein milieu du disque. Soit à mi-chemin entre les 7 premiers titres qui traînent la patte après leurs modèles (déjà pas folichons) et les quatre suivants qui conduisent doucement l’auditeur vers l’état d’amibe — la grotesque scie “Stay this Way”. Ce qui ressort de Living Thing est une sale impression de travail bâclé, d’inachevé. D’autant plus dommage que l’on sent parfois le disque décoller, comme avec “Blue Period Picasso”. Mais non. Quelques bribes d’idées, quelques options de collage, tout ça conçu dans la précipitation pour une sortie calibrée juste avant un été que l’on pense chaud. Trop léger ou trop malhonnête. On préfère la première option.
Ce plantage est triste à voir et confirme ce que d’aucuns pressentaient il y a déjà un certain temps, ces gars-là, au-delà de leurs talents de producteurs, sont des songwriters très surestimés. A trop vouloir se la jouer cool, ils ont coulé. Ceci dit, toutes les écoutes de ce disque ont été effectuées sans produits illicites. Une piste peut-être ?
– Le site officiel