Dans un bunker abandonné, le néo-zélandais Antony Milton, auteur de plusieurs albums enregistrés sous divers pseudos (Birdcatcher, Glory Fckn Sun, Paper Wings, Sunken and The Stumps), côtoie un cortège d’ombres prêt à livrer bataille. Logique de l’isolement sous terre : la musique enclose sourd, tend au drone rampant, à l’onirisme overdubé, voire au freak folk d’outre-tombe. Filtre, aussi, par-delà les murs, aspirant à l’évasion, au plein air. Fasciné par l’acoustique caverneuse du blockhaus et la beauté sauvage des paysages environnants situés sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, le guitariste et violoniste décline cinq plages instrumentales improvisées, présentées comme son « midnight drone blues project ». Formes brumeuses qui lentement se dissipent, échos environnants chargés d’électricité, bourdonnements hypnotiques, bribes de chant somnambulique à peine audible : les textures musicales de Well Song découvrent un univers funèbre et claustrophobe porté vers la lumière. Comme en atteste par exemple le mouvement de “Still Watch The Sky”, débuté par un drone chétif et poussiéreux qui progressivement chemine vers une aube indécise, sous l’effet dynamique d’une pulsation itérative attisant l’ardeur de la guitare. Plusieurs fois reproduit, un tel mouvement ascensionnel tend certes au procédé, quand il n’échoue pas à s’incarner du point de vue de l’espace (les moyens de fortune afférents à l’atypique lieu d’enregistrement limitent à certains moments sa portée sonore et plastique) ou à investir pleinement d’autres pistes formelles quelque peu laissées en jachère (“Fools Sweet Ramble”). Mais reste qu’Antony Milton apporte suffisamment de nuances à son approche pour ne pas faire chuter l’attention, comme lors du finale “Step Through The Night” où la guitare entretient plusieurs minutes durant une plainte angoissante, transformant l’espoir d’une sortie de terre en peine perdue.
– Le site de Orkhêstra
– En écoute : « Rise »