L’avantage des titres interminables, comme celui du deuxième album de l’Australien Scott Matthew, c’est qu’ils remplissent les chroniques. Car que dire de There Is An Ocean That Divides, And With My Longing I Can Charge It, With A Voltage That’s So Violent, To Cross It Could Mean Death si ce n’est qu’il est aussi interminable et pompeux que sont titre. On pourrait gloser sur cette voix à la tristesse appuyée, sur ce piano élégant et léger comme de l’écume ou ses cordes délicatement cousues sur ces mélodies déchirantes. Oui, on pourrait si l’album contenait deux titres. Car passé ce cap, on frise l’overdose lacrymale, la mièvrerie comme posture. Cet admirateur d’Antony Hegarty ferait mieux de s’inspirer un peu plus de son modèle en ce qui concerne le contre-emploi vocal. Car avec cet organe à mi-chemin entre un Mark Eitzel venant de se casser un ongle et un Jarvis Cocker qui aurait pété son lacet à 7h du mat, il ferait mieux d’aller un peu plus fricoter avec les bas-fonds de la Grosse Pomme au sein de laquelle il s’est installé, plutôt que nous seriner avec ses poignantes déclarations d’amour. Certes, il ne semble pas avoir rigolé tous les jours. Certes, prises isolément, on accorde volontiers à la plupart des chansons des arrangements pour le moins classieux et des mélodies élaborées. Mais cette manie de ne jouer que sur le pathos, d’appuyer uniquement sur la touche « help » de son synthé confère à l’album un goût détestable d’auto-apitoiement. Il a perdu le Jarvis et n’en a gardé que le cocker, pour son regard. Même “Dog” (qu’est-ce que je disais) et ses accords galopins est-elle plombée par ce chant au-delà du sirupeux. Bref, si vous voulez récupérer une bien-aimée égarée, évitez Scott Matthew, vous ne feriez que la renforcer dans ses convictions.
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