Entrez dans la danse de Mr Peñate, outsider devenu maître de l’ivresse pop avec sa sangria dansante. Un album solaire, entraînant et ambitieux.
Bye Bye sable fin et eaux turquoises… Les vacances sont déjà loin pour certains et l’été touche à sa fin. Est-il alors nécessaire (douloureux ?) de revenir sur ce disque aux vertus exotiques, en libre circulation depuis plus de deux mois ? Accusant personnellement du retard, il aurait été toutefois malhonnête, au moment de dresser notre bilan de fin d’année, d’omettre Everything is New, bande-son officielle de l’été 2009, côte à côte avec le génial Wolfgang Amadeus de Phoenix. Deux disques de saison que l’on se devait d’emporter dans son sac de plage, complément estival indispensable à toute lotion bronzante et paire de Wayfarer.
Qui pourrait croire que cette savante mixture de pop euphorique et de pulsions rythmiques de musiques du monde ait été conçue dans les rues de la pluvieuse et perfide Albion ? Contre toute attente, le londonien Jack Peñate, auteur voilà deux ans d’un premier album brit pop sans éclat, vient de se réinventer de manière spectaculaire. Everything is New, titre donc de son nouvel album, prend tout son sens : on l’avait connu flanqué d’une chemise à carreaux, le teint de peau blanchâtre des songwriters locaux, il nous revient la peau mâte, en train de parader sur un char de Rio en compagnie des Talking Heads.
Depuis combien de temps n’avions-nous pas senti souffler pareil vent de fraicheur en provenance de cette bonne vieille Angleterre ? Envoyé baldinguer la tradition des coupes au bol dans le vent — d’où prenait pourtant la source de son premier album Matinée –, Penâte rentre aujourd’hui dans la cour des nouveaux réformateurs du rock dansant, piochant un peu partout avec un bon goût de la trempe d’un LCD Soundsystem. Pour élimer ce son revigorant qui caractérise Everything is New, deux cadors studio sont venus l’épauler : le maître du big beat Norman Cook (alias Fatboy Slim), premier producteur de l’album qui cédera par la suite son siège au très talentueux Paul Epworth (Futureheads, Primal Scream…). A Norman Cook le soin d’initier sa science du groove , à Paul Epworth de sculpter avec sophistication ses harmonies. Par ailleurs, la contribution de ce dernier dépasse largement le cadre de la production, l’acolyte se frottant personnellement à quelques lignes de guitares, claviers, voire percussions.
Disque finement pesé sans d’excès de cholestérol, on découvre sur Everything is New d’audacieuses rythmiques fiévreuses importées de continents au sang chaud, coulées sur des nappes synthétiques désaltérantes : la spectaculaire samba d' »Everything is New », ou encore les pulsions diaboliques “Tonight’s Today”, “Give Yourself Away”.
En seulement neuf titres qui prennent le pari de surprendre constamment, Penate fournit une quantité non négligeable de tubes potentiels chargés d’assurer la liaison avec les grandes ondes radiophoniques, dont particulièrement “Pull My Heart Away”, le très (peut-être trop ?) clubbing “Be The One”. Et derrière ce décorum attrayant, il se permet même un zest d’ambiguïté : célébrer la mort lors d’une procession funéraire en Nouvelle Orléans sur “Let’s all die”, voire dans un registre plus lacrymal — “ Every Glance” — évoquer une fête qui tourne à la déprime de fin de soirée… Plus rien ne semble arrêter ce garçon.
Faussement léger, Everything is New est un superbe album de pop moderne et désorientée, une invitation à rejoindre la danse.
– Site officiel de Jack Peñate