« Ray Bartok est né l’hiver 2006 ». Voilà la première phrase de la bio express de Ray Bartok. Mine de rien, ce détail-là semble avoir une importance capitale à l’écoute de ce premier EP. Si l’on ne se souvient guère du climat qui présidait en cet hiver (en fait, si, très bien, mais c’est une autre histoire), Phil Sirop et JS Brosse, eux, ont alors ressenti un besoin impérieux de faire chauffer à blanc leurs enceintes et les semelles de leurs voisines. No Panic, qui sort enfin après que les comparses aient sévi durant trois ans sur de nombreux dance floors et collectionné des sons impossibles, est avant tout un hymne au rythme. En même temps, rien de moins surprenant dans l’electro. Certes, sauf que pour le duo parisien, le mouvement est vital, même basé comme ici sur un étrange mix entre accident et delirium tremens. Si Ray Bartok annonce en ouverture du morceau titre « Ladies and gentlemen/I’ll never smile again », ce n’est pas complètement un hasard : on ne badine pas avec l’electro, c’est quelque chose de sérieux. De furibard aussi. De démentiel même parfois, en atteste ce “Run Lady” démantibulé qui se termine en apnée. D’un autre côté, si créer de la musique pour danser est une affaire sérieuse, rien n’oblige les créateurs à se prendre au sérieux, et les deux expérimentateurs y mettent même un point d’honneur. Il suffit pour s’en convaincre de naviguer un tout petit peu dans leur univers — entre tables à repasser et télés noir et blanc. Ainsi, entre décalage salutaire et electro massicotée, entre grimage de second degré et samples travaillés, on se lève avec Ray Bartok et on refuse de toucher terre. Une vraie rouste au conformisme musical, une musique aussi superficielle qu’indispensable.
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