Dans les hautes sphères du rock indépendant, les imberbes n’ont pas la côte ces jours-ci. Tous auront remarqué la résurgence de jeunes formations néo-folk aux étranges noms d’animaux (Fleet Foxes, Grizzly Bear, Le Loup, Department of Eagles…). Pour rentrer dans ce club très select ? Le port de la sage barbiche et de la chemise de bûcheron des steppes sembleraient exigés. Dans la famille folk échevelé dans le vent, on demande maintenant les Foreign Born. Le tiers de ce quatuor californien porte évidemment le poil à merveille, mais un détail fait toute la différence : ils ont remplacé leurs chemises à carreaux par des chemises à fleurs. Moins crispé que ses compagnons mystiques, Foreign Born entend apporter un peu de folie à ses petites cérémonies sacrées. Formé en 2003 dans le campus universitaire de San Francisco, le quatuor vient de rejoindre la famille Secretly Canadian faisant suite à un remarqué premier album autoproduit, pressé originellement à 300 exemplaires. Basé aujourd’hui à Los Angeles, les deux têtes pensantes Matt Popieluch et Lewis Pesacov (Garrett Ray et Ariel Rechtshaid à la section rythmique) n’ont apparemment pas abandonné quelques vieilles habitudes estudiantines, en l’occurrence ce goût pour improviser des soirées mousse(s) dans la loge du bahut. Il n’empêche, Foreign Born ponce méticuleusement ses mélodies et sait leur tailler un son ample et sophistiqué de l’acabit des War on Drugs, autres frappadingues du même label. Aussi, entre quelques instantanés psyché-rock (les enjoués et contagieux “That Old Sun”, l’americana de “Vacationing People”) et quelques rythmes exotiques (« Winter Games », les guitares créoles d’“Early Warning”), se dessinent de beaux mirages de pop onirique (“See Us Home”, un beau rêve de mercure comme on en entend plus). A l’heure où la hype s’est emparé d’Edward Shape & The Magnetic Zeros, les négligés Foreign Born feraient un sérieux mais néanmoins festif concurrent.
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– En écoute, « Winter Games » :