C’est toujours touchant quand un chanteur un brin imposant s’incline ouvertement devant ses maîtres. Touchant ou casse-pied, ça arrive aussi. En l’occurrence, nous voila ici face à un hommage petit par sa taille et immense par ce qu’il dégage. En marge du beau projet à quatre voix Monsters Of Folk et entre deux hypothétiques disques de My Morning Jacket (il se murmure que le groupe n’existe plus), Jim James a abandonné sur la route ses « J » bien directifs au profit d' »Y » plus hésitants, pour rééditer ce vibrant hommage à l’un de ses maîtres à penser, Georges Harrison. Initialement édité en vinyle à une poignée d’exemplaires à la disparition de Big Georges, ces reprises n’avaient pas forcément vocation à être exhumées. Voilà pourtant une bien grande idée tant ces arrangements squelettiques — deux guitares, parfois un piano — et cette voix magique suffisent à transcender des chansons que d’aucun aurait pu un peu négliger. Georges Harrison n’a en effet pas toujours été le compositeur préféré des fans des Beatles, souvent considéré comme moins bon que les deux autres grandes bouches : trop longs, trop sitar, trop hippies, en un mot trop chiants — l’insupportable solo estampillé Clapton de “While My Guitar Gently Weeps”, quand même. Sa période solo a relevé le seuil de tolérance du public — forcément pléthorique –, notamment par la grâce du succès de All Thing Must Pass, puis plus tard de son concert pour le Bangladesh. Toutefois, on ne peut s’empêcher, par le truchement de ce disque d’inconditionnel, de comprendre où Sir Georges a pêché, notamment dans sa période Fab’ Four : il lui aurait simplement fallu raccourcir ses chansons, et surtout les faire chanter par des vrais chanteurs. Le traitement infligé par Yim Yames redore l’auréole que leur auteur avait un peu eu tendance à ternir par trop de gourmandise, et les restaure dans leur état initial de petits joyaux pop, et ce en dépit parfois de paroles un brin caricaturales — “My Sweet Lord” demeure quand même une chanson un peu con-con. Et nous de jouir pleinement des chansons de ce grand dadais d’Harrison, en attendant l’album solo de Yames déjà annoncé. Double ration de bonheur, quoi…

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