Jason Quever est un explorateur musical mental. Après la consécration (du moins médiatique) via Can’t Go Back, il choisit la réclusion culturelle, se plante devant sa télé, et se gave des DVD de The Twilight Zone (La Quatrième Dimension, les frissons nous reviennent à sa simple évocation) en écrivant son quatrième album, You Can Have What You Want. Non sans avoir au préalable plongé son cortex dans le krautrock. Sauf que le venin pop californienne des 60’s qui l’a bercé jusque-là n’a jamais disparu de ses artères et continue d’irradier la moindre de ses compositions. En résulte un long trip surréaliste et cotonneux, à peine perturbé par une batterie qui aimerait bien se faire un peu plus entendre, mais toujours porté par cette voix faite de fêlures, les pieds au bord du ravin. Mais le plus important est ailleurs. En effet, derrière ces arrangements pour le moins réduits et néanmoins colorés, se cache un grand blessé de la vie (il est orphelin depuis son plus jeune âge). Son art de ne point trop en dire et de faire confiance à son aura touche ce que l’on possède de plus fragile et d’intime. Jason Quever va au-delà de la simple expression musicale. A la différence de Beach House dont il est pourtant si proche — Alex Scally a d’ailleurs contribué à la réalisation de ce disque –, l’économie d’effets procure une dimension nouvelle à sa musique (la quatrième peut-être ?) alors même que le duo a plutôt tendance à rester sur place. Jason Quever, finalement, réussit précisément là ou un autre Jason, Lytle en l’occurrence, a échoué récemment : il libère des chansons graciles de leur cocon, alors que l’ex-Grandaddy a sorti ses grimoires pour tenter de retrouver la formule magique. Pas un grand disque, mais assurément un flot l’émotions brutes sans le moindre artifice. Plutôt rare dans ce domaine.
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Papercuts – Once We Walked in the Sunlight from Yours Truly on Vimeo.