De la musique comme catharsis. Le procédé est vieux comme le monde, et fonctionne forcément. Hospice parle du deuil, celui que Peter Silberman porte suite à la mort de sa petite amie à l’issue d’un cancer. L’album aurait d’ailleurs dû rester confidentiel si Frenchkiss (le label de Les Savy Fav, étonnant) n’avait insisté pour porter à la connaissance de tous cet immense chagrin et si, forcément, le chanteur n’était doté d’une certaine impudeur. Car il va de la musique de The Antlers comme des séries Urgences, Grey’s Anatomy ou Dr House, de la mise en spectacle de la maladie et de toute la saloperie qui l’entoure, à commencer par la douleur, tant physique que morale, du patient et de son entourage. On est aussi en droit de se dire que cela relève strictement de l’intime et qu’il est indécent d’en faire commerce de manière si affichée. Demeure un disque aussi gai qu’une phase terminale, aussi éclairé qu’un service de soins palliatifs et aussi agréable qu’un shoot de morphine raté. Une pop maladive, fatalement, faite de claviers anémiques, de guitares neurasthéniques, et chantées en pleine descente de bradycardie. Sigur Ros à côté, rappellerait le regretté Patrick Topaloff. Le public adhère forcément, il y a tant de tristesse à y ramasser à bon compte, et Silberman en fait tellement étalage, que l’on ne peut qu’être porté par la compassion. Or, il n’y a rien de plus horrible que la compassion, ce si confortable sentiment de déculpabilisation. Oui, le cancer est une saloperie, oui un enfant malade c’est injuste, oui il faut pleurer dans ces circonstances. Doit-on pour autant en faire des séries commerciales ou des disques tire-larmes, même ambitieux ? Au public de trancher et d’adhérer. Ou pas.
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