Finalement, ils sont bien peu nombreux nos frenchies à avoir su à ce point digérer leurs cours de folk-rock. Incontestablement, la bande de Federico Pelligrini est celle qui, avec Jean-Louis Murat, de très loin s’en sort le mieux. Il a fallu, pour ce faire, passer par les master class au moment du solide Baby Face Nelson Was A French Cowboy avant d’arriver à ce masterpiece de poche (après un exercice mixte réussi avec Lisa Li-Lund) — et en profiter pour vraiment sortir de la farce des Little Rabbits. Mieux que ça, les French Cowboy sont, sur ce troisième album, bien au-delà de la simple récitation. Voilà des furieux qui convoquent sur le sol poussiéreux de Tucson, en Arizona, et toujours en compagnie de l’ineffable producteur local Jim Waters, le bon vieux Velvet Underground, les clochers du krautrock et les lames de Joy Division. Isn’t My Bedroom… est surtout une foutue backroom mal fréquentée, puant la sueur et le sexe, se parant d’atours tantôt furieusement rock et tantôt passablement vénéneux et glaciaux. Autre fait marquant de ce troisième album sous la marque américaine, le chant froid et tendu de l’homme aux grandes lunettes (on n’a pas parlé d’oreilles), un chant dents serrées et salive pendante. Cet album exhale une tension parfois insupportable, qui donne d’autant plus d’ampleur aux accélérations fulgurantes des guitares qui interviennent au fil de ces 15 titres. French Cowboy fait aujourd’hui largement oublier les premiers pas de ses membres, autant que sa principale chapelle, et s’affirme comme un groupe essentiel. Tucson n’est plus une source d’inspiration pour la bande mais rien de moins qu’une simple rampe de décollage. La plus courte pour les étoiles. Un grand disque signé par un grand groupe.
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