Clermont-Ferrand, ses vaches, son Bibendum, son poète grognon et ses petits groupes mignons tout plein, bien coiffés et qui ont tous lu leurs Inrocks. Il va falloir désormais compter sur leur punk sauvage. Stetson débarque avec un rock d’un autre âge, celui où les chemises à carreaux étaient à la mode pour la première fois, où porter un jean troué était la preuve qu’on s’était cassé la gueule en skate (et pas qu’on avait plein de blé). Une époque où les guitaristes n’utilisaient que trois, parfois quatre cordes. Et où les chanteurs bousillaient les leurs sur des hurlements post-pubères libérateurs. Stetson promet ce genre de déménagement auditif de bon aloi, cette longue séquence de bourre-pif entre gras du bide et buveurs de bières. Ce petit retour aux réflexes primaires a quelque chose de jubilatoire et, c’est marrant, on a beau connaître tout ça par coeur, on cède à ces sirènes décoiffées à tous les coups. L’avantage de Stetson, c’est d’exister en 2010, une année où le son est devenu aussi parfait qu’anecdotique. Du coup, Questions & Sleepless Nights explose sans fioriture et, même quand la bande s’entiche d’un petit cri de guerre en conclusion de la bien nommée “To All My Friends”, seulement accompagnée d’une batterie agonisante, on a l’impression d’être au milieu du studio parmi ces fous du bulbe. Seul regret, s’il fallait en trouver un, la linéarité des compositions, l’absence de relief qui peut, comme souvent chez ces combos primitifs, donner la sensation de surplace et de répétition. On aurait apprécié un peu de grandiloquence ou, au contraire, des moments d’accalmie, des respirations. Le genre de détails qui distinguent les Gang Of Four (par exemple) de leurs disciples. En attendant, Stetson permet de prendre rapidement son pied (l’affaire est emmenée en moins de 33 minutes), et c’est déjà ça de pris.
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