Après le EP Think en 2008 en guise d’échauffement, Lovvers rend cette fois, avec ce premier album plus « Ramonesque » que le combo américain lui-même, une copie un peu cafouilleuse et mal dégrossie, pourtant non dénuée de charme.
Qu’elle aura passé vite cette écoute de l’album des anglais de Lovvers.
Une petite demi-heure, bien courte pour des raisons toutes aussi diverses que confuses. Fugacité des titres, monotonie de l’ensemble ou début de lassitude à l’écoute de OCD Go Go Go Girls (un nom tarabiscoté, certainement dans le but de marquer les consciences) ?
Le temps d’un claquement de doigts, celui d’aller se chercher une bière au frigo, et voilà le disque qui aura filé sec, échappant à l’attention de presque tous.
Cet album aurait pu aussi bien s’appeler : « beaucoup de bruit pour rien » !
Le fracas et les vrombissements semblent être l’option favorisée par le groupe pour enrober savamment des compositions un peu trop souvent émaciées, le tout offrant cependant un ensemble assez cohérent si l’on s’en tient stricto sensu à l’écoute de l’album.
Car si ces titres devaient subir un isolement forcé, ils s’en trouveraient sûrement bien démunis.
De là à déclarer qu’il n’y a rien à voir ni à entendre, il n’y aurait qu’un pas, que nous ne franchirons pourtant pas, puisqu’il y a quand même, pour nous retenir encore un peu par la manche, les simagrées brouillonnes du groupe et quelques beaux gestes d’énergie D.I.Y.
Une musique un peu impersonnelle, qui en deviendrait finalement presque universelle. Des formules magiques et des recettes toutes prêtes, mais qui fonctionnent à coup sûr.
Aucune tête ne dépasse, tout semble bien rangé malgré la simulation de vacarme — cette volonté un peu puérile de vouloir à tout prix sonner lo-fi. Un traitement simplificateur qui rend alors difficile, dans tout ce fatras sonore, la distinction d’un titre en particulier.
« 1-2-3-4 Count » ou « Human Hair » — qui fait office de premier single — sont toutefois de délectables petites choses pop, fermes et rebondies.
Lovvers, arrières petits-enfants de la Blank Generation, égrainent les tics et les astuces de leurs aînés punks, assaisonnant finement au passage leur musique de zestes de Supergrass, ou encore du Pixies primitif, avec un aveuglement et une réjouissance qui font pourtant plaisir à entendre. La voix très en retrait — comprenez inaudible — est passée comme au filtre crin-crin, parasitée en permanence. Une bien curieuse idée en fin de compte !
Car à y regarder de plus près, cet album a pourtant bénéficié d’un enregistrement en studio. On en conclut donc, de la part du groupe, à une réelle déclaration d’intention de sonner ainsi, plutôt qu’à l’utilisation de moyens rabougris pour réaliser leur album. OCD Go Go Go Girls se trouverait alors, finalement, n’être qu’une vaste jam-session, agencée en album de 12 titres. Un défouloir et une bonne idée un peu courte pour sauter partout comme un cabri.
Peut-être n’était-il pas nécessaire d’en faire un disque et ceci aurait très bien pu ne rester qu’une charmante histoire de copains jouant pour des soirées estudiantines.
Vite écouté et probablement très vite oublié, Lovvers pêche clairement par son manque de volonté, ou tout simplement par l’impossibilité à écrire de vrais titres, et se cantonne à des tentatives de compositions qui, aussi sympathiques qu’elles puissent être, ne font et ne feront jamais des chansons. Dix fois sur le métier remettre l’ouvrage. Un adage qu’il serait peut-être bon que le groupe fasse sien, s’il ne veut pas souffrir trop tôt d’un oubli prématuré.
– Site Myspace
– A écouter, « Human Hair » :