A force de recopier inlassablement les modèles, de repasser les lignes de ses illustres prédécesseurs, de répéter les mêmes gestes que ces Zombies, Beatles et autre Elliott Smith, Julien Pras a fini par acquérir avec son groupe Calc ce savoir-faire artisanal de la pop éclatante. Si les disques des bordelais ont toujours bénéficié d’une production riche et léchée, il manquait cependant ce petit supplément d’âme que l’élève appliqué a fini par faire rejaillir dans ce premier essai sous son nom. Bâties sur un squelette tout d’arpèges de guitare acoustique — Julien Pras a fait ses armes en solitaire — les chansons de Southern Kind Of Slang se voient tour à tour enrichies d’arrangements toujours plus subtils et pertinents : violoncelle et entrée de la batterie sur “Solar Energy”, les pizzicati et le piano de “Sweetest Fall”, la complice Emily Jane White sur “Son Of The Stars”, qui trouvent leur voix avec justesse pour accompagner celle du chanteur. Bien sûr, le timbre un peu fébrile de la diction toujours sûre et posée, les montées chromatiques de fins de couplets ou certaines résolutions mélodiques rappellent régulièrement le regretté Elliott Smith, maître en appropriation des héros de la pop anglaise au service de la mélancolie américaine. Une similitude dont Julien Pras, malgré ses tentatives souvent réussies pour y échapper (“Evil Horns”), n’a pas à rougir puisque la richesse du disque tient aussi bien dans la maîtrise d’un parfait accent anglais que dans une production à la hauteur de ses ambitions, rejoignant les quelques artistes français, H-Burns ou autre French Cowboy, qui ont su s’affranchir de leur origine géographique pour plus que tutoyer cette Amérique tant rêvée.
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