Sous son aspect de grande rêverie, la musique de Donato Epiro semble prétendre à une vie délicate. A la fois simple et flamboyante, Three Different Kinds of Poison, dernier album du musicien italien, ensevelit les arpèges, tout en disposant d’un rythme irrégulier et saccadé. Les sensations les plus éthérées s’incorporent ici à une attention particulière pour intensifier les variations, tout en modifiant sensiblement la progression. De ses différentes compositions, Epiro tire une figure fort contrastée qui se détache des voies habituelles, où une pratique expérimentale vient côtoyer des structures élémentaires de ce qu’on peut nommer comme des mélodies premières. Si on peut y déceler une sorte de goût pour le primitif, il en reste qu’Epiro déjoue constamment la forme circulaire, faisant de la boucle un prétexte au contre-sens et à l’impertinence. Malgré les apparences d’un psychédélisme déguisé, cette silhouette convulsive et tremblante participe d’une perspective plutôt concrète de sa musique, sans que cela ne s’oppose à une conduite simple, à la recherche d’un raffinement. Entre le singulier et l’ordinaire, les lieux ainsi édifiés par Three Different Kinds of Poison sont comme des occasions d’une vitalité palpable, le déploiement d’un corps poétique où « tout est plus simple qu’on ne peut l’imaginer et en même temps plus enchevêtré qu’on ne saurait le concevoir ». (Goethe)
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– Sturmundrugs, label dirigé par Donato Epiro
– En écoute : “The whitepink desert of the incredibly high camels”