Toundra fait partie de ces enfants insolents qui, malgré les feux qui l’entourent, se bornent à suivre un chemin troublé, celui du post-rock — troublé pour le critique car parcouru et exploité régulièrement par des musiciens avec une ardeur constante. Sans trop schématiser, on peut néanmoins dire que cet état de fait semble concerner ceux qui s’engouffrent sans relâche dans la brèche ouverte par des formations comme Mogwai ou le label canadien Constellation. A savoir une forme progressive tirant toute sa force, et le bénéfice, d’une instrumentalité affirmée où l’effervescence du départ, présente dans les divers discours, semble laisser la place aujourd’hui à une relecture fade et conventionnelle. En ce sens, rien de bien nouveau chez les espagnols de Toundra, bien que ces derniers penchent sensiblement du côté des groupes comme Russian Circles, Gifts from Enola ou Pelican, qui n’hésitent nullement à saturer leurs jeux. Modestement intitulé II, l’album se distingue par son rythme vorace, arrivant même à contaminer les intervalles stationnaires entre les moments d’exaltation. De l’ordre d’un cheminement bien mesuré, les compositions laissent entendre une constante richesse, culminent les intensités dans un jeu fluide, clair et éclatant, accordant ainsi au plaisir toujours renouvelé, tiré du dialogue des opposés et d’un horizon toujours en fuite, un espace d’insouciance quant aux éventuelles analogies et répétitions. Un album qui saura rassurer les adeptes du genre, et que les néophytes consomment (ou consommeront) vite, sans grande conviction.
– Le site myspace
– Ecouter l’intégralité de l’album sur le site de Alone Music Ltd.