Quatre ans après la révélation d’un mini-album rempli de sombres mais néanmoins bonnes promesses, iLiKETRAiNS siffle son grand retour sur l’excellent label bordelais Talitres — avec, entre-temps, un détour chez Beggars pour leur premier album. Souvent qualifié de chaînon manquant entre Interpol et The National, le toujours confidentiel quatuor de Leeds n’a, hélas, pas eu le privilège d’être pris en main par Peter Katis, producteur ô combien crucial du son des deux formations susmentionnées. On se prend alors à rêver aux étincelles auxquelles pourraient aboutir une telle collaboration. Pour l’heure, les Anglais détiennent, résolument, un univers propre et puissant. Et, à vrai dire, iLIKETRAINS s’en tire peut-être mieux en 2010 que ses illustres camarades américains. He Who Saw The Deep gomme surtout les ratés du précédent opus : leur spleen shakespearien, à la limite de l’emphase, agaçant même parfois, se veut ici moins apitoyé. Dès le premier single annonciateur, le superbe “A Father’s Son”, la mélancolie prend un tour nettement plus dénudé et aérien. Les tempos s’étirent lentement, multiplient les défis à l’apesanteur, et amplifient ainsi la gravité informelle de leurs ballades littéraires, portées par une voix caverneuse (“Sirens”, “We Saw the Deep”). Les guitares tempétueuses à la Explosions in the Sky, rompues autrefois à déclencher des cataclysmes soniques, affleurent sur ce second album vers des crachins d’arpèges clairs. L’intensité qui en découle n’en est que plus forte. Brillants ferrailleurs d’un post-punk orchestral et brumeux, ILIKETRAINS avance sur des rails dont la destination n’a, évidemment, de secrets pour personne ; mais, du paysage dantesque traversé, l’on ne se lasse pas.