Zs, formation new-yorkaise et évoluant sur la scène free jazz composée de Sam Hillmer, Ben Greenberg et d’Ian Antonio, déploie avec New Slaves une véritable puissance aigüe, dont l’étendue fait même dire à Ben Ratcliff du New York Times que la musique, aussi improvisée qu’elle puisse laisser paraître, y est « composée tellement fermement qu’elle peut faire mal un peu aux dents ». L’ironie mise à part, on aura, en effet, du mal à distinguer dans l’opus entre ce qui relève de l’improvisation et d’une construction, d’autant plus que la question ici semble mal posée, puisque l’on sait pertinemment que même l’improvisation la plus libre nécessite une structure, rendant possible et par conséquent appréciable les écarts. Cela est d’une certaine manière explicite concernant New Slaves, dans le sens où la « composition ferme » découle d’une attention toute particulière aux changements qui assurent et solidifient l’ensemble plutôt que de l’éclater, malgré les rythmes secs qui cognent presque avec désinvolture. Si l’écriture poreuse et obsédante ne laisse jamais son auditeur en marge de l’écoute, celui-ci reçoit en revanche une belle leçon d’irrévérence, qui laisse entrevoir un véritable exploit esthétique, pétri par le sentiment que le cours des choses se bouleverse lentement, dans la confusion la plus ordinaire.
– Le site myspace de Zs
– A écouter : “Acres of Skin”