Retour sur les stellaires Galaxie 500, à l’occasion d’un passage parisien de leur ancien chanteur pour en célébrer les plus belles heures…
Jouer à la Flèche d’Or convient plutôt bien à Dean Wareham, dont les différentes vies musicales ont prouvé qu’il dispose… de plusieurs cordes à son arc. La Route du Rock, collection hiver, lui a ainsi prêté son trimaran pour rallier la capitale, le temps de raviver les mânes de Galaxie 500, dans la foulée de la réédition des trois albums de l’influent trio dream-pop bostonien.
Ses deux comparses d’alors, Damon Krukowski et Naomi Yang, voguant depuis longtemps sous un autre pavillon (Damon & Naomi), c’est secondé de sa moitié Britta Phillips (de… Dean & Britta) et d’un troisième comparse, Jason Lawrence, qu’il monte sur scène, avec “Flowers” pour entame. Le choix, en guise d’ouverture, du titre inaugural du premier effort du groupe, Today, considéré par Thurston Moore de Sonic Youth comme le « guitar record » de 1988, donne l’occasion d’appuyer sur « pause » et de remonter le temps…
Fruit de la rencontre entre trois étudiants de Harvard, Galaxie 500, nommé d’après le modèle de la Ford d’un de leurs amis, a produit, malgré une existence météorique entre 1987 et 1991, une œuvre aussi singulière qu’insulaire. Les comptines mélancoliques, qui tiennent le plus souvent sur trois accords, célèbrent les noces, dans une effusion de réverbération, de la voix haut perchée et maladroite de Wareham avec la basse fluide et mélodique de Yang, sous la protection bienveillante des percussions minimalistes de Krukowski. S’étant fait les dents, à ses débuts, dans une multitude de petits clubs, dont l’improbable « Middle East » à Cambridge, où les musiciens alternaient avec… une danseuse du ventre, le groupe eut vite l’opportunité de tourner en Europe et de conquérir les tympans de John Peel.
Dépositaire d’un son lo-fi à souhait et d’humeur psychédélique, la bande organisa ainsi une rencontre naïve entre le Velvet Underground et Jonathan Richman, dont ils reprirent d’ailleurs avec brio l’hymne “Don’t Let Our Youth Go to Waste”. Au rayon discographique, si le premier opus sorti sur un label confidentiel, Aurora, le groupe, fort de son public fidèle et d’un accueil critique enthousiaste, acquit ses lettres de noblesse… indépendante via la publication de leurs autres efforts, On Fire (1989) et This Is Our Music (1990) chez Rough Trade. Krukowski et Yang durent d’ailleurs racheter à ce dernier, lors de sa faillite, les masters des deux albums. Le split du printemps 1991 n’eut d’autre explication apparente (mais un peu simpliste) que la volonté du chanteur de rentrer à New York, après une tournée américaine en première partie des Cocteau Twins.
Vingt ans plus tard, la magie opère toujours, devant une assistance renouvelée et (trop) polie, dont peu de membres avaient dû voir le groupe durant ses passages au Club Lingerie. Wareham, qui dispose toujours de sa voix joliment gauche si caractéristique, pioche les plus belles pièces du répertoire, de l’envoutant “Tugboat” au rutilant “Fourth of July”, en passant par un “Blue Thunder” intimiste ou un “Temperature’s Rising” entraînant. Pour “Listen The Snow is Falling”, Britta reprend le flambeau de Naomi et fait plus qu’honneur à Yoko, poussant, à son tour, la chansonnette, avec une grâce toute contenue. L’album des photos-souvenirs se refermera notamment sur la reprise attendue du “Ceremony” de New Order, dont la relecture, dans le style inimitable du groupe, peut toujours laisser penser qu’il s’agit bien d’un titre de Galaxie 500.
Dean Wareham et ses acolytes n’ont certainement pas connu, de leur temps, une reconnaissance digne de leur créativité. Cette plongée d’un soir dans un autre espace-temps et la gratitude que leur expriment aujourd’hui des formations aussi diverses que Xiu Xiu, British Sea Power ou même The Brian Jonestown Massacre témoignent de l’originalité de la voie (lactée) que Galaxie 500 a su tracer.
– Le concert de Dean Wareham à la Route du Rock :
– « A Head Full of Wishes », excellent site sur Galaxie 500, Luna, Damon & Naomi et Dean & Britta
Dean Wareham et Britta Phillips seront de nouveau à Paris le 19 avril, sur la scène de la Cité de la Musique, pour y jouer leur dernier album, 13 Most Beautiful… Songs for Andy Warhol’s Screen Tests.