Sans donner un éclairage nouveau à sa musique (contrairement à ce que sous-entend son titre), TVOTR s’enorgueillit sur ce quatrième opus de pop songs incandescentes.


La tendance actuelle chez les grands rénovateurs du rock semble être d’assurer ses arrières. Les nouveaux albums de Radiohead et Tv on The Radio négocient dans ce sens : si la qualité persiste, aucun n’a démontré une farouche volonté à vouloir se remettre en question artistiquement. Du moins, en regard de ce à quoi qu’ils nous avaient habitués par le passé. Seul le prochain Battles paraît à ce jour prêt à relever le défi exigeant de la prise de risque, mais nous reparlerons plus tard de ce cas précis.

Paradoxe, Nine Types of Light est bel et bien un disque de rock expérimental, mais où Tv on The Radio se contente de retravailler – avec succès cela dit – la matière protéiforme développée depuis ses débuts. A savoir, une géniale superposition de guitares atmosphériques, de funk urbain et de rythmiques post punk à la Talking Heads pour les plus évidentes réminiscences. Sans omettre non plus l’apport crucial des voix « afro-disiaques » de Tunde Adebimpe et Kyp Malone.

Après Dear Science en 2008, semi échec artistique, mais leur plus gros succès à ce jour (notamment grâce à leur passage sur le label Interscope après 4AD), ce quatrième opus frappe d’abord par son côté limite « radio friendly ». Une démarche d’ouverture qui, après coup, ne surprend pas à l’égard des récents projets du sorcier/producteur David Sitek, qui ne cache plus son intérêt pour des « chansons » moins chargées d’interférences – après l’album de reprises de Scarlett Johansson réalisé par ses soins, sa récréation funky/pop annexe Maximum Balloon l’année dernière, et bientôt le prochain Jane’s Addiction où il officiera comme… bassiste.

Y-a-t-il pour autant des raisons de craindre un laisser-aller ? Sur ce point, le collectif de fortes têtes continue indéniablement d’être pertinent. Sans atteindre l’envergure de leur passionnant et arc-boutiste chef-d’oeuvre Return to Cookie Mountain (2006), Nine Type of Light maîtrise pour sa part parfaitement les codes de la mélodie exigeante. Le chant est particulièrement mis en avant sur ces dix titres qui comptent un important ratio de refrains, – les efficaces “You”, “Will Do” et “Second Song” sont les titres les plus facilement accessibles jamais composés par le groupe. Et même si l’évidence de la ballade sensuelle “Keep Your Heart” aguiche l’oreille un peu trop facilement, la voix enivrante de Kyp Malone dérape délicieusement.

D’après ce que nous avons pu en lire, Tunde Adebimpe et Kyp Malone expliquent cette outrecuidance pop par l’envie de composer des chansons d’amour. Soit. A moins que ce soudain besoin d’arrondir les angles ne résulte des tentations du soleil de la côte ouest, le groupe s’étant délocalisé à Los Angeles pour l’enregistrement, lieu où réside désormais Sitek. L’usage de quelques violons sur “Forgotten” donne un peu de change au rayon surprise, mais l’usage des cordes qui en est fait n’est pas non plus assez poussé pour véritablement convaincre d’une innovation. Et lorsque le ton se durcit, le riff rock punchy de “Caffeinated Consciousness” évoque curieusement Faith No More, l’illustre formation de Mike Patton, à moins que ce ne soit le mot « Caffeine » qui nous induit en erreur.

Ce quatrième album de la bande de Brooklyn ne prendra donc pas de court les fidèles. Après avoir mis un point d’honneur à apporter sa pierre à l’édifice de la musique moderne tout au long de la décennie précédente, les (ex) têtes chercheuses de Brooklyn se contentent cette fois de composer de bonnes chansons, désengagées d’une vision aïgue. « My Repetition is this… » chante aujourd’hui Tunde Adebimpe. Faut-il comprendre par là que le groupe en est bien conscient ? Il faudra attendre le prochain chapitre pour se faire un avis définitif et enfin savoir si, à défaut de rester à la pointe, David Sitek et ses amis ont définitivement décidé de mener confortablement leur barque.

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– Leur page MySpace

« Will Do »