Une vieille photo. Un salon vide et austère qui ne saurait cacher derrière ses rideaux quelques fantômes, un évènement pesant déroulé entre ses murs. Le trio américain Willamette a le sens de l’image suggestive.
Une vieille photo. Un salon vide et austère qui ne saurait cacher derrière ses rideaux quelques fantômes, un évènement pesant déroulé entre ses murs. Le trio américain Willamette a le sens de l’image suggestive. Il n’est donc guère étonnant d’apprendre que Always in Prostcript est aussi la bande-son composée pour le moyen-métrage de Charles Lim Yi Yong, All The Lines Flow Out, présenté l’an dernier au Festival du Film de Venise et Prix Spécial à la Biennale de Singapour. Nul besoin d’avoir visionné au préalable la bobine pour s’immerger dans ces envoûtantes plages contemplatives. Depuis 2006, les architectes sonores Davin et Kevin Chong, ainsi que Joseph Yonker, seraient du genre scrupuleusement méticuleux à l’ouvrage : la gestation d’Always in Prostcript a duré trois ans, et leur premier effort, Echo Park, sorti sur le label Infraction l’an dernier, avait nécessité encore autant d’années. Le temps et l’espace semblent effectivement s’être suspendus quelque part dans leurs travaux de symphonie du surplace. A partir de textures très fouillées mariant modernes et classiques (stupéfiante dimension orchestrale), Willamette s’évertue à sculpter « la » note divine en expansion. Derrière son protocole minimaliste, Always inProscript agence son crescendo émotionnel dans un ballet précis d’atmosphères complexes. Au cœur de ses huit variations, une ellipse mélodique se déplie sans fin comme un escalier de Penrose – la majestueuse ascension sensorielle vers l’éternel « Open Wounds ». Cette intensité latente nous rapproche des carnets de voyage interstellaires de Stars of the Lid. L’âme peut s’y perdre ou être conduite vers de nouvelles portes de la perception. À moins que Always in Prostcript ne soit l’antichambre sonore du Stalker de Tarkovsky.
Willamette – Always in Prostcript (Own Records) Disponible en 10” vinyl EP (édition limitée à 300 exemplaire) ou en téléchargement .
Pour prolonger sur ce dialogue étroit entre cinématique et 7e art, nous avons demandé aux musiciens de Willamette de sélectionner quelques vidéos qui les inspirent.
La sélection vidéo de Davin Chong :
Theme de Camille – Georges Delerue :
Tokyo Monogatari Song :
Ennio Morricone – The Mission
La sélection vidéo de Joseph Yonker :
In Heaven – Eraserhead
Lake Erie
Cocteau Twins – Love’s Easy Tears