Qu’on désire, depuis la nuit des temps, de combler l’absence, c’est ce qu’il y a de plus constant chez l’humain: celle d’une figure, d’un sentiment.
Qu’on désire, depuis la nuit des temps, de combler l’absence, c’est ce qu’il y a de plus constant chez l’humain: celle d’une figure, d’un sentiment. Un travail répété, conscient ou inconscient, douloureux ou agréable, vain, mais réitéré, malgré tout. Ceux qui décident de travailler avec cette absence, de lui donner un nom, ou mieux, une forme, sont sûrement les plus exposés à oeuvrer dans les marges, dans la périphérie des inquiétudes quotidiennes, et à réfléchir, prendre le temps. C’est ce qui a fallu, manifestement, à Julien Demoulin, l’homme Silencio, pour élaborer When I’m Gone, un quatrième album qui sort chez le label suisse three:four records: six ans pour le finaliser, et sept pour le publier. Or il ne s’agit pas d’isolement; bien au contraire, Demoulin a bien publié d’autres albums durant ces années, aussi bien en Silencio qu’en son nom propre, en plus de multiples collaborations. Mais on réalise vite que When I’m Gone est à part, que les morceaux qui le composent se sont laissés mûrir pendant un certain moment; laissés de côté, puis repris – on pense aux toiles et aux peintres, comme Anselm Kiefer, qui octroie un statut de « vie » propre aux oeuvres de cette manière- ; un procédé dialectique qui, finalement, incarne bien ce travail autours de l’absence, de cet esprit de résiliation avec des notes qui se retirent et s’étirent, et qui se sont déjà manifestées chez des musiciens comme Labradford ou encore Stars of The Lid…Ici, on se plaît à y intégrer de la nostalgie, des sonorités soignées, précises, un affinement formel à faire oublier le poids de l’affect qui nourrit When I’m Gone. Ainsi, Demoulin recule pour mieux contempler les lignes de séparation et de dispersion de la grande image qu’il élabore: une image dont l’auditeur ne perçoit que l’éloignement et la dislocation.
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