Frenchy et fier de l’être, avec son premier album Granville fait le pari de combiner ambiances solaires west coast et langue de Molière pour le meilleur de la pop bleu, blanc, rouge.


Granville : commune française du département de la Manche et de la région Basse-Normandie, est une station balnéaire et climatique située à l’extrémité de la côte des havres. Autrement dit, lorsque l’on porte un nom pareil, rien ne nous destine à renvoyer à l’auditeur des images de plages à perte de vue, baignées du soleil brûlant de la Californie. Alors lorsque dans le même temps, la chanteuse Mélissa Dubourg, le guitariste Sofian El Gharrafi et leurs compagnons affirment mordicus se référer à Best Coast ou encore à Girls, la première chose à priori reste d’en douter. Cependant, à l’écoute de ce premier album nous n’aurons pas d’autres choix que de les croire sur parole tant leurs mélodies sous influences ne semblent rien avoir à envier aux groupes précités.

Car c’est vrai qu’à y regarder de plus près, leur musique est lumineuse. Mais une lumière douce, tamisée, à peine assombrie par la voix chargée d’un peu de chagrin de leur timide chanteuse. Comme une éclaircie avant ou après la tempête. Une brise légère agite en effet constamment la musique de ce groupe né à Caen qui au fil du temps est parvenu progressivement à se faire un petit, puis un plus grand nom, dans le petit milieu du rock dit « indé », avant de finir par mettre au monde en ce début de mois de février ce bel album intitulé Les Voiles.
Un appel à prendre le large ? Certes oui, la musique de Granville évoque instantanément l’ailleurs. Mais elle reste cependant aussi farouchement ancrée les deux pieds dans sa terre natale. Les mots s’échappant des chansons douces-amères de la bande des quatre étant chantés en français. Un parti pris qui pourrait être aussi courageux qu’opportun, à l’heure où le Made in France se trouve brandi à toutes les sauces comme étendard (un poil gadget) de la nouvelle fierté Gauloise. Cependant, les protagonistes de Granville ne semblent avoir que faire des modes (elles passeront de toute façon), leur souhait selon leurs propres dires étant de jouer simplement « une pop naïve et poétique, simple, guillerette et touchante à la fois ». Ils y parviennent plutôt très bien sur ce premier album, et cela s’entend sur le primesautier « Jersey » ou le mini-tube que tout le monde a déjà sur les lèvres, « Le slow ».

Entre Scopitone et Super 8, entre yéyé et surf music, en mariant les styles et les références avec poésie et intelligence, Granville convoque la Pauline de Rohmer sur les plages de Malibu pour un album qui fait moins le grand écart entre French pop et rock us, qu’une belle synthèse des deux.

– Voir également notre Portrait filmé Minute Seen