Une Folk/rock onirique foulant les grands espaces. Vertige assuré.
Tirant son nom du spectaculaire lac Huron dans le Michigan, Lord Huron a ainsi grandi dans le terreau de cet Etat du Midwestern, avant de migrer voilà deux ans vers le soleil clément de la Côte Ouest, Los Angeles. Deux Eps et un single déjà parus en 2010, et puis enfin ce premier album sorti en octobre dernier sur le sol américain, ont déjà suscité pas mal l’attention des médias US. Les noms de My Morning Jacket, Bon Iver et les Fleet Foxes reviennent régulièrement dans la bouche des critiques pour évoquer leur pedigree musicale. Et tout cela est plutôt justifié à l’écoute de cet ambitieux ouvrage de folk/rock panoramique.
L’impressionnante cathédrale d’harmonies vocales dans lequel s’élève Lonesome Dreams, est en vérité l’Å“uvre d’un seul homme visionnaire, Ben Shneider, multi-instrumentiste et songwriter un brin mystificateur. Mystificateur, car ce jeune homme à la barbe impeccablement taillé n’a pas son pareil pour transporter ses auditeurs vers des paysages majestueux, carrément le grand saut au-dessus des reliefs sauvages des Appalaches jusqu’aux dunes du Sahara sous un ciel étoilé. A grand renfort d’arrangements spacieux et de chÅ“urs élégiaques, les chansons de Lord Huron nous parlent de sentiments purs et de communion avec la nature…
Alors oui, toute cette mythologie des grands espaces peut paraître un peu « dépassée ». L’abus de percussions exotiques et de field recordings, auraient même parfois tendance à virer dangereusement à la publicité pour gel-douche saveur tropical (le très chill-out « The Man Who Live Forever »). Mais tel Ulysse cédant aux chants des sirènes, nos esgourdes se laissent peu à peu prendre au charme des cavalcades enlevées que sont « I Will Be Back One Day” et “Tim To Run”. Voire sur la chanson titre « Lonesome Dream », dont l’épaisseur des textures atmosphériques pour le coup cette fois impressionne.
Et puis, la voix hautement perché de Ben Shneider a indéniablement suffisamment d’atouts pour transfigurer ses folksongs oniriques. Sa présence vocale nous ramène à un passé pas si lointain, du temps où Jim James (My Morning Jacket) et Ben Bridwell (Band of Horses) redessinaient avec flamme la cartographie americana. Ou tout simplement, parvenaient à nous faire rêver. On retrouve définitivement dans Lord Huron de cette fraîcheur que l’on croyait perdue. Comme lorsque Ben Shneider se recueille sur le superbe « Ghost on the Shore », investissant le territoire bucolique d’un autre barbu, le génial Sam Beam d’Iron & Wine.
La prochaine fois que Lord Huron passera en ville (leur récent concert donné à la Flèche d’Or fut mémorable malgré un audience clairsemé, la faute à une programmation tardive après 23h…), les amateurs de grande évasions sont invités à prendre leur ticket pour le voyage.