Après avoir écouté en boucle ces six derniers mois le tonitruant single « Best of Friends », débarque enfin le premier album de la sensation briton Palma Violets.
Seize mois tout juste après leur formation, les Palma Violets, quatre londoniens tous justes âgés de 20 ans (dont le nom s’inspire de célèbres gourmandises made in britain), ont déjà été qualifiés de nouveaux sauveurs du rock par le tabloïd musical NME et ont récolté foison de prix… cela avant même que leur premier album ne se soit matérialisé dans les bacs. Ce phénomène de sacralisation anticipée, manigancé par une certaine presse britannique, est devenu désormais monnaie courante outre-manche depuis The Artic Monkeys, pour peu qu’un jeune groupe anglais suscite un semblant d’excitation.
Heureusement, la France nous épargne encore ce genre de matraquage médiatique, et c’est avec un peu plus de recul que nous accueillons ces nouveaux prétendants au trône du rock débraillé. Et voilà que pour une fois… on aurait presque envie d’y croire. Produit sans esbroufe par l’illustre bassiste de Pulp Steve Mackey, ce baptême du feu est pourtant tout sauf un feu de paille. Si l’hymnesque « Best of Friends » écrase un peu par sa suprématie le reste du disque, quand bien même, 180 réserve encore quelques fulgurances mémorables, fort d’une personnalité déjà bien affirmée, plus romantique qu’elle ne le laisse apparaître aux premiers abords. L’héritage quant à lui est évident : The Clash pour le panache et les guitares incandescentes à la limite du désaccordage, The Velvet Underground pour les mélodies hypnotiques, et la « loose » attitude élégante de Johnny Thunders et The Only Ones… Des figures « classiques » du rock en somme, mais personne ne peut reprocher aux Palma Violets d’avoir de solides références. Surtout de la part d’un groupe évidemment encore au stade du premier album et qui ne demande qu’à s’émanciper. Le talent d’écriture est là, et c’est déjà beaucoup lorsqu’on se frotte aux héros susmentionnés. D’ailleurs, en évoquant la formation culte de Peter Perrett, on ne peut s’empêcher de penser que les Palma Violets ont accouché avec « Best of Friends » de leur « Another Girl, Another Planet », single foudroyant et immortel. Souhaitons-leur tout de même à ces jeunots une destinée un peu moins « destroy »…
Sans pourtant être amateurs des gandins The Libertines, reconnaissons aussi une alchimie similaire en la présence des deux chanteurs Chilli Jesson et Sam Fryer. Toutefois, à la différence du duo Carl Barat et de Pete Doherty, le duo « palmé » a le mérite de ne pas se prendre trop au sérieux, ni de la jouer « poète rock écorché ». La complicité du guitariste et du bassiste transpire tout du long de ses onze morceaux flamboyants (douze en incluant le caché « Brand New Song »). Et puis, sincèrement, depuis quand n’avions-nous pas entendu deux gouailleurs de cette trempe ? L’ivresse de ce chant, au sens propre comme au figuré, innerve les vibrants « All the Garden Birds », » Last of the Summer Wine », ou l’époustouflant final « 14 ».
Certes, l’ouvrage n’est pas exempt de maladresses, les quatre collent encore un peu à leurs modèles (« Rattlesnake Highway » force un peu le trait London Calling), mais c’est finalement aussi pour cela qu’on aime cette bande, pour ces petites erreurs de jeunesse qui sont en quelque sorte un gage d’authenticité. Le rock n’a que faire de la perfection. Espérons seulement que les Palma Violets ne brûlent pas trop vite les étapes.